À la dérive …

Image : Le Radeau de la Méduse de Géricault

Depuis le début de la semaine, un scandale agite le micro-microcosme socialiste : les méthodes managériales du Parti Socialiste seraient dignes des pires entreprises du CAC40.

Renaissance, renaissance …

Petit rappel des faits : après avoir conquis le pouvoir en 2012, le PS s’est perdu dans son exercice, mâtiné de social-libéralisme et de respect des règles d’austérité budgétaire pour faire plaisir à l’Allemagne de Mme Merkel. Le résultat a été sans appel : après une fronde historique au sein même de la majorité, une primaire aux allures de guerre fratricide, de nombreux lâchages en faveur de celui qui deviendrait Président de la République, et la démission honteuse de son Premier Secrétaire de l’époque, le parti s’est retrouvé sans boussole, sans pognon, a vendu (bradé ?) son siège historique de Solférino pour devenir une petite officine installée en banlieue parisienne.

Pendant ce temps, les fédérations enregistraient les départs, les défections, certains persuadés que le Parti n’était plus de gauche, les autres rejoignant le prolongement naturel du social-libéralisme incarné par LREM. Bien courageux celles et ceux prêt-e-s à relever le gant pour rebâtir sur ce qu’il restait du grand parti mitterrandien.

Enfin, une lueur d’espoir arriva : après des décisions douloureuses au siège comme dans les Fédérations (nombre de salarié-e-s, permanent-e-s ont perdu leur job), un congrès fût organisé et la Renaissance arrivait.

Et ensuite ?

Au début, c’était tout beau, tout rose. Le nouveau Premier Secrétaire est même venu nous voir pour notre Fête de la Rose, en toute décontraction. Sympa, accessible, se prêtant de bonne grâce aux selfies avec les militant-e-s, ça changeait du précédent qui sortait à peine son c.. de la limousine pour haranguer les foules et repartir dîner au restaurant avec les caciques locaux.

Ensuite, il y a eu les Européennes. Jolie campagne d’ailleurs (on était copains avec Glucksmann). On a eu une belle com’, structurée, efficace (il paraît que c’était cher … mais qu’importe), des meetings où on était copains avec tout le monde, où on défendait de grandes causes, où tout le monde s’est bougé … bref une vraie belle campagne … et 6%.

Passons, le traumatisme est encore frais, la nouvelle direction vient de s’installer, il faut leur laisser le temps d’imprimer leur marque et de relancer le PS. Après tout 2022 c’est loin. Et avec les élections municipales, ça devrait bien se passer : on est bien implantés, on a de bons candidats, y’a pas de raisons. Et en effet, ça ne s’est pas trop mal passé (sauf chez nous mais c’est une autre histoire !!!)

De là est arrivé le COVID, et on connaît la suite …

Je vois pas le problème…

Le problème c’est qu’en interne, rien ne va plus. La liaison entre le National et les Fédérations s’est rompue. Plus de réseau, plus rien. Oh certes, on pouvait assister aux auditions pour préparer Le Monde d’après, mais sinon …

Pas d’infos, pas de com’ structurée (c’est pas faute de demander) un Congrès annoncé qui tombe à l’eau, une direction tellement élargie qu’on ne sait plus qui fait quoi, et Ivry ne répond plus. Débrouillez-vous dans les fédés pour organiser des débats, des rencontres, des élections même. Trouvez des candidat-e-s, discutez des alliances possibles, si ça passe pas tant pis, et comme on a plus un sou vaillant, va falloir vous débrouiller pour les campagnes locales aussi.

Par contre, n’oublions pas la présidentielle. On a reçu pas plus tard que la semaine dernière un document nous demandant d’organiser des réunions, des lives, sans thématique précise, sans mode d’emploi et sans feuille de route par rapport aux objectifs attendus. Faudrait quand même se rappeler aussi qu’il ne reste quasiment que des bénévoles dans les territoires, et qu’on est pas tous ni des magiciens, ni des génies de l’informatique (vu que ça risque de se finir en visio). Donc, à minima, si tu veux que ça marche, un peu de concertation et un mode d’emploi c’est pas du luxe.

Et puis, pas d’idées, pas de projet, pas de solutions aux problèmes rencontrés par les Français-e-s (et ils sont si nombreux pourtant). De temps en temps on entend vaguement parler d’un projet de loi déposé par le groupe … en sachant pertinemment qu’il sera repoussé par la majorité. Mais de structure, de projet, de corpus idéologique, plus une seule trace. Nous sommes socialistes sans même savoir ce que nous sommes censés défendre.

Cuisine électorale

Pour ça, pas de soucis, on sait faire. Passer des alliances avec un tel puis tel autre, faire des projections pour savoir qui sera le ou la meilleure d’entre nous, proposer des accords à des gens qui te plantent des couteaux dans le dos, on y arrive très bien. Et au final, on perd encore un peu plus chaque fois.

Non pas qu’une union large de la gauche soit inutile, bien au contraire. Mais malheureusement elle ne se fera pas … ou alors pas pour les bonnes raisons. Chaque protagoniste pense à se placer au mieux, à espérer gagner ou sauver un siège, sur lequel il fera (ou pas) ce qu’il peut, et rien ou pas grand chose ne changera au final pour les électrices et électeurs.

Et toi tu fais quoi là-dedans ?

C’est la question qui me taraude en ce moment. Qu’est-ce que je suis allé faire dans cette galère. Déjà je ne m’y sens pas toujours à ma place (j’ai déjà évoqué le décalage de classes et le manque de confiance personnelle), je n’aime pas ces pratiques, ces tripatouillages électoraux, ces discussions stériles sur l’opportunité de telle ou telle alliance.

De plus, depuis un moment, j’ai la nette impression de ne plus être le coeur de cible du Parti. Bien sûr pendant le confinement, certain-e-s élu-e-s ont parlé des premiers de corvée. Mais depuis, pas grand-chose n’en est sorti, et je doute sérieusement qu’il en sortira grand-chose d’ailleurs, en particulier si le Parti persiste à ne pas écouter les premier-e-s concerné-es.

Bref, comme disaient les Clash, Should I Stay or Should I Go ?

3 réflexions au sujet de “À la dérive …”

  1. Tout à fait d’accord avec toi tu t’en doutes.
    Sauf le paragraphe sur les Européennes.
    Pour ma part, je considère que la com était déjà en dessous de tout avant les Européennes.
    Mais pendant cette campagne, chose que je ne pensais pas possible, elle a été encore pire.

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