Emmerder les non-vaccinés : Un President ne devrait pas dire ça !

Le Président Macron, dans une interview au Parisien, a sorti une petite phrase qui fait grand bruit : « Les non-vaccinés, j’ai envie de les emmerder ». Et honnêtement ça ne passe pas !

Le Président de tous les Français

La fonction présidentielle impose à son détenteur d’être le garant de l’unité de la Nation. Il est celui qui est censé la protéger, et ne peut pas se réduire à fustiger le comportement de certains concitoyens.

Je peux (pour une fois) être d’accord sur le fond de sa pensée : puisque les personnes non-vaccinées représentent un danger pour eux-mêmes et constituent la majorité de la population qui engorge nos hôpitaux, il peut être efficace de leur restreindre l’accès aux lieux publics, même si cette liste mériterait d’être élargie. Un non-vacciné peut légalement s’exposer à un risque de contamination à son boulot, mais pas au bistrot ! C’est un brin absurde.

Il n’empêche que cette opinion ne peut être exprimée sans un minimum de respect, et sans « pédagogie ». En expliquant calmement les raisons de son choix, les objectifs attendus, et en rappelant les bénéfices d’une couverture vaccinale la plus forte possible pour lutter contre ce virus, Emmanuel Macron serait dans son rôle.

Les non-vaccinés : des citoyens comme les autres

Je me suis déjà largement épanché sur le problème de la vaccination, sur les sornettes répandues par les réseaux sociaux et leur résonance dans la société. Toutes celles et ceux qui font circuler des infos bidons, et les « politiques » qui les soutiennent sont des criminel·le·s. Sous couvert de défense des libertés individuelles, leurs positions conduisent parfois à la mort, et ils s’en lavent les mains. Et (je l’ai déjà dit), ceux qui refusent la vaccination sont à mes yeux ceux qui privent les autres de liberté. Il est normal qu’ils subissent plus durement les conséquences de leur choix.

On a beau vouloir confondre l’indépendance et la liberté, ces deux choses sont si différentes que même elles s’excluent mutuellement. Quand chacun fait ce qu’il lui plaît, on fait souvent ce qui déplaît à d’autres, et cela ne s’appelle pas un état libre. La liberté consiste moins à faire sa volonté qu’à n’être pas soumis à celle d’autrui ; elle consiste encore à ne pas soumettre la volonté d’autrui à la nôtre. 

Jean-Jacques Rousseau, Lettres écrites de la montagne (1763)

Malgré tout, les non-vaccinés sont des citoyens de notre pays, et ils méritent le respect du Président. Notre société souffre depuis un an de divisions mortifères. Le débat autour de l’élection présidentielle est déjà nauséabond, peuplé de polémiques inutiles. Le Président-pas-encore-candidat a pour rôle d’apaiser, de ne pas jeter de l’huile sur le feu.

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La vaccination obligatoire, mais sans le dire

L’erreur originelle a été de ne pas rendre le vaccin obligatoire dès l’été. Les différentes mesures prises depuis ne sont des cautères sur une jambe de bois. Pass sanitaire puis vaccinal, règles de protections qui changent tous les jours … les Français·e·s n’en peuvent plus de cette gestion à la petite semaine d’une crise sanitaire qui n’en finit pas de s’éterniser.

On sait aussi qu’une grande partie du problème se trouve… dans la gestion calamiteuse de nos hôpitaux. Les soignant·e·s manquent de tout : moyens, matériels, considération ont été rabotés depuis 20 ans. Malgré les grandes promesses de réforme, rien n’a été fait pour soulager leur souffrance. Et pourtant, malgré tout, ils et elles continuent à soigner, sans discrimination, et parfois au péril de leur propre santé. La vaccination obligatoire aurait au moins permis de limiter la casse et de les soulager.

Évidemment, il y aurait eu des protestations si le vaccin avait été rendu obligatoire dès l’été. Certains auraient crié au complot, à l’enrichissement des labos etc. Mais, en toute honnêteté, on aurait eu une règle claire, compréhensible par l’immense majorité des Français·e·s. Je reste convaincu que ça aurait été bien plus facile de gérer la contestation de quelques irréductibles. On aurait ainsi pu éviter le pont de non-retour.

Finalement, le seul espoir dans tout ça réside dans … le virus lui-même. En l’état actuel des connaissances, le nouveau variant omicron semble moins dangereux que le delta, et est en train de prendre le pas. Il ne nous reste pour le moment qu’à serrer les fesses, attendre que ça passe… et éteindre nos écrans pour éviter d’entendre toutes ces sornettes.

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