Le retour de la retraite

Dans un mois, c’est la présidentielle. Jusqu’à maintenant et au vu de la nullité du spectacle proposé, je ne m’y suis intéressé que d’une oreille distraite. Et le Président-candidat a déboulé avec sa proposition d’hier sur les retraites.

Lapin compris

On peut dire qu’il frappe fort d’entrée de jeu : la première mesure de son programme est de repousser l’âge légal de départ à la retraite à … 65 ans. Et dans le genre grosse connerie, on peut dire que ça démarre pas mal.

On sait que la moitié des gens qui partent en retraite aujourd’hui (donc à 62 ans) sont déjà hors du marché de l’emploi avant leur départ : chômage, maladie, inaptitudes diverses… conduisent à ce que l’employabilité des seniors soit réduite.

On saluera d’ailleurs à ce sujet la duplicité du patronat qui pousse pour repousser l’âge légal, tout en refusant d’employer des seniors, voire en les poussant à la porte parce qu’ils sont trop expérimentés, plus assez malléables pour d’adapter aux changements de l’entreprise, ou tout simplement trop chers en terme de salaire. En gros, les patrons veulent voir travailler les vieux, mais pas chez eux !

Vieillis, usés, fatigués

Retraite Jospin

Et puis, on le sait, celles et ceux qui vont le plus souffrir de cette mesure sont les premier·e·s de corvée : les soignant·e·s, les caissières·e·s, celles et ceux qui accomplissent les basses besognes (souvenez-vous, ils et elles n’ont jamais été confinés). Ils et elles n’ont guère le choix que de travailler pour survivre (parce qu’avec de tels salaires on ne vit pas, on survit) jusqu’à ce que le corps lâche.

On va donc leur imposer de continuer à porter des charges lourdes, de retourner des matelas, de balayer des rues dans le froid, de supporter les connards de clients et leurs remarques, pour un salaire de misère (parce que pour les moment, les augmentations c’est pas au programme), et préparer une retraite qui sera une souffrance physique et financière, avant de finir plus ou moins bien traité à l’EHPAD pour être pris en charge par des soignant·e·s à peine plus jeunes.

Alors, le Président-candidat a laissé filer quelques maigres concessions sur la pénibilité, histoire de faire passer un peu plus aisément la pilule (encore que). Mais il prouve encore une fois son incompétence, son absence même de compréhension pour “la France d’en bas“, et que, en forçant les vieux à travailler plus longtemps, il pénalise aussi des jeunes qui désespèrent de pouvoir trouver un emploi, construire leur vie et prendre leur part dans la solidarité nationale.

Ni de gauche, ni de droite … mais surtout de droite, et la plus méprisante en prime.

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