Les aventures d’Internet au pays des bouseux

Ça fait maintenant plus d’un an que je vis en pleine campagne… et plus d’un an qu’il me faut m’armer de patience et composer avec une connexion Internet famélique…

La promesse de la fibre

Depuis quelques mois, je vois régulièrement des ouvriers travailler sur des poteaux, dérouler des bobines de câbles, et les petits boitiers blancs fleurissent au bord des routes… Tout laisse à penser que la fibre arrive bientôt dans nos campagnes. Et au vu des débits plus que poussifs offerts par la connexion ADSL (9Mb/s/1Mb/s pour les connaisseurs), autant dire que je l’attends avec grande impatience cette fichue fibre.

Le hic, c’est que ce n’est pas hyper rentable pour les opérateurs privés. Les collectivités locales (Région en tête) ont pris les choses en main et pilotent le déploiement du réseau fibre en Bretagne, louant ensuite le réseau aux opérateurs pour qu’ils y fassent passer leurs offres. Seulement, la Bretagne c’est grand, c’est rempli de zones rurales avec des maisons éloignées les unes des autres, et plein de lieux-dits et autres hameaux aux noms fleuris.

Il y a quelques jours, un opérateur qui aime bien les agrumes nous a contacté pour nous annoncer d’une voix enjouée que nous étions éligibles à la Fibre et qu’il serait une joie de nous raccorder, moyennant une modification de notre contrat. Après nous être assurés qu’il ne s’agissait pas d’un spam, nous nous sommes empressés d’accepter l’offre. Sauf que… 3 jours après, et n’ayant aucun retour, nous apprîmes que tout le bled était fibré, sauf notre hameau. Bref, il va falloir patienter encore un moment avant de pouvoir surfer sur les vagues du Très Haut Débit.

Connexions alternatives

Alors, vous me direz, il reste toujours la 4G. Je m’en sers, très régulièrement, mais c’est loin d’être la panacée. Les débits sont à peine meilleurs (faut dire que le moindre projet d’antenne provoque des levées de boucliers), et en l’absence d’offre VRAIMENT illimitée, ça reste un dépannage quand la ligne ADSL sature, en particulier pendant les vacances scolaires.

Le satellite est une option qui pourrait être envisageable, mais ça nécessite toute une infrastructure complexe à installer et un surcoût non négligeable sur la facture mensuelle. Et par ailleurs, les opérateurs ne se privent guère non plus de fixer des quotas de data sur leurs offres, obligeant l’usager des cambrousses a garder le nez sur le compteur pour ne pas dépasser son quota d’Internet à débit décent. Faute de quoi, il devra à nouveau batailler avec les débits faméliques et les temps de réponses à rallonge.

Y’a plus grave non ?

Bien sûr qu’il y a des situations bien plus dramatiques que celles-ci. Toutefois, une connexion Internet aussi faible signifie souvent de se priver de certaines choses. La SVOD est difficilement envisageable, idem pour les jeux vidéos en téléchargement. L’accès à la culture populaire est sérieusement impacté.

Et quand à travailler depuis la maison, c’est du coup possible, mais au prix de sérieux compromis, et d’une productivité grevée par la qualité de la connexion. Lorsque votre programme préféré vous annonce une mise à jour au réveil de l’ordinateur, vous savez déjà que vous allez devoir patienter, patienter, patienter… avant de pouvoir enfin démarrer votre journée de travail. Et difficile d’envisager faire autre chose entre temps, le goulet d’étranglement arrive très vite.

Enfin, dans des zones déjà privées de transports et de services publics, l’impossibilité d’accéder en plus à une connexion de qualité convenable complexifie encore le lien, et accroît l’isolement des personnes y vivant, pour certains plus par contrainte financière que par vrai choix.

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