Le triomphe de la connerie

Hier lors du premier tour des législatives, le grand vainqueur a été un immense mouvement de connerie humaine généralisée. Depuis quelques années, elle se répand à tous les niveaux de la société, pour finalement exploser à la face de toutes et tous à l’occasion de ce scrutin.

Le con en chef

Revenons sur le contexte du 9 juin dernier : on savait depuis longtemps que la déroute du camp présidentiel a cette élection serait forte. La Macronie a été largement devancée par le RN, talonnée par la liste de Raphaël Glucksmann. Historiquement, les européennes sont (mal) utilisées par les Français pour se défouler et signifier tout le mal qu’ils pensent de leurs dirigeants. Mais il aurait suffi au Président d’un discours quelque peu contrit, puis de se tourner vers les Jeux Olympiques et de reprendre la joute parlementaire en septembre, quitte à risquer la motion de censure (encore que ces pleutres de Républicains n’auraient peut-être même pas osé la lancer)

Mais notre Jupiter en chef, vexé, a choisi de faire parler son sens aigu de l’ego et de la connerie pour dissoudre l’Assemblée et provoquer une élection, comptant sur la gauche désunie et le réflexe de classe pour se voir accorder, sinon une majorité, tout du moins une certaine légitimité pour achever son mandat… mais là ce n’est pas un échec, mais ça n’a pas marché.

JonLuk, le con a grande gueule

Dans un réflexe naturel et salvateur, la gauche a su boucler un accord pour faire barrage aux cons à bras tendus et proposer une alternative face au risque de l’arrivée au pouvoir du RHaine. Les dirigeants socialistes, écologistes, communistes et une bonne partie des leaders insoumis ont joué le jeu de la solidarité, proposé et défendu un projet de gauche, humaniste et marquant une réelle rupture avec le programme libéral du con du dessus.

Mélenchon est un homme intelligent, bien plus que ce qu’il ne laisse croire, mais il a un défaut qui le rend con : un ego surdimensionné qui lui fait croire qu’il est indispensable. Il est conscient d’être un repoussoir pour une partie de l’électorat de gauche modérée, mais ne peut pas s’empêcher malgré tout de l’ouvrir, de prendre position, de s’afficher comme le « futur Premier Ministre » (malgré la désapprobation unanime des autres forces de gauche) et de se mettre en scène de façon parfois provocante (comme hier soir l’image désastreuse de Rima Hassan avec son keffieh – un véritable appel à la provocation pour nombre d’électeurs de la gauche modérée).

La pseudo-purge de certains de ses ancien·ne·s affidé·e·s (Simonnet, Corbière, Garrido, Davi…) aura aussi marqué, par sa brutalité, la campagne en la parasitant, et en détournant les médias du principal sujet de la gauche dans cette campagne : le projet commun de la gauche face au RN.

Les cons dans le poste

On peut aussi évoquer les médias, publics comme privé, qui pour beaucoup ont choisi leur camp dans cette élection : combien de journalistes ont interrogé les candidats du Nouveau Front Populaire sur l’antisémitisme supposé (aucune condamnation n’ayant été prononcée) de certains membres de LFI, et en balance, combien ont questionné Marine Le Pen ou Jordan Bardella sur le racisme et l’antisémitisme (cette fois bien réels) des candidats du RN.

Malgré la classification officielle de Ministère de l’Intérieur (UG- Union de la gauche), les médias n’ont cessé de parler de « l’extrême-gauche » en parlant du Nouveau Front Populaire, créant ainsi les conditions nécessaires pour en faire un vote repoussoir. Et je n’ai guère entendu parler du programme, pourtant reconnu pour sérieux et crédible par de nombreux économistes (qui ne sont pas pourtant réputés pour être parmi les personnes les plus radicales qui soient). Nombre de médias, dont on connait l’attachement à préserver leurs interêts, ont contribué à mettre sur un pied d’égalité le RN et une gauche qui n’a pourtant rien à voir avec le parti raciste en face.

Les ministres à la con

Ils sont beaux nos futurs ex-ministres depuis hier soir : le grand chef désavoué, ils ne peuvent s’empêcher de se montrer à la hauteur de ce qu’ils furent, des irresponsables prêts à tout pour conserver le peu de pouvoir qu’il leur reste. Bergé, Le Maire, Dominique Faure… et d’autres qui se refusent à jouer le jeu du Front Républicain face à la menace du RN majoritaire, et qui sont prêts à maintenir ou soutenir des candidatures déjà perdantes, tout ça pour ne pas voter à gauche.

Ils ont pourtant une immense responsabilité dans la situation actuelle : depuis 7 ans et leur arrivée au pouvoir, le pouvoir d’achat des Français a fondu, les services publics se raréfient ou disparaissent faute d’investissement, la qualité de vie au travail se dégrade parce qu’ils ont affaibli les syndicats et leurs représentants dans les entreprises. Et ils n’ont pas manqué, à la faveur des lois contre l’immigration votées avec le RN, de faire monter ses idées dans la population. Bref, je n’ai que du mépris pour cette caste bourgeoise qui aura plongé le pays dans l’abîme.

Je ne parlerai pas ici des cons de droite qui ont vendu leur crâne chauve et leur cul à l’extrême-droite. Ils étaient déjà racistes en fait, et ne font que clarifier leurs intentions.

Les cons qui votent

Et pour terminer ce florilège, disons le clairement : les Français sont des cons finis. On avait eu un aperçu en 2017 ou une chèvre estampillée « majorité présidentielle » gagnait haut la main une élection. Cette fois-ci, la même chèvre adoubée par Bardella avait toutes ses chances, pour peu qu’elle bouffe de l’herbe franco-française (et pas binationale). Combien de candidats sont arrivés en tête alors qu’ils n’avaient même pas d’affiches avec leur bobine, ne connaissent même pas la circo dans laquelle ils se présentent, et n’ont même pas pris la peine de faire campagne ?

On a même vu ça et là des électeurs râler parce qu’ils ne trouvaient pas de bulletin au nom de Bardella dans leur bureau de vote. Ces abrutis abreuvés de télé-poubelle et de réseaux sociaux ne savent même pas comment fonctionne une élection législative – et se plaignent après d’être dirigés n’importe comment. D’ailleurs, ils ont choisi un candidat qui leur ressemble : con comme une bite mais il « présente bien »

Dans mon coin de campagne, il n’y a quasiment pas d’immigration, l’insécurité se limite à quelques grivèleries (parfois commises par les jeunes du coin qui s’emmerdent) et le RN fait 40 % en envoyant un vendeur de camionnettes dont personne n’a jamais vu la tronche comme candidat.

Ça fait 40 ans qu’on explique aux gens que le FN-RHaine est raciste, antisémite, qu’il favorisera les plus riches une fois arrivé au pouvoir, qu’il ne fera qu’attiser les haines et ne résoudra pas les problèmes des Français… mais il a recueilli hier 10 millions de voix. Donc oui, les Français sont des gros cons racistes… et sincèrement je n’ai plus l’énergie de leur chercher des excuses et de continuer à les convaincre qu’ils se trompent.

Etre né sous l’signe de l’hexagone
On peut pas dire qu’ca soit bandant
Si l’roi des cons perdait son trône
Y aurait 50 millions de prétendants

Renaud – Hexagone