Lendemain de fête

Lendemain de fête
image générée par IA

Au lendemain du 14 juillet, le Premier Sinistre a choisi de présenter l’addition aux Français. Après 8 ans de repas dégueulasses (et pleins de conservateurs), la note est des plus salée. Surtout qu’en plus les recettes choisies ne fonctionneront pas. Petit cours de cuisine à la sauce béarnaise…

Une pincée de jours fériés en moins

Le sujet dont tout le monde parle : les réseaux sociaux glosent sur le retrait de deux jours fériés et les politiques de tout bord en font leurs choux gras : symbolique du 8 mai pour les plus patriotes, débat sur la prétendue signification du Lundi de Pâques pour les plus bigots… on en finit pas d’entendre les complaintes des uns et des autres.

Outre le côté cocasse de voir les descendants des nazis défendre le jour de la victoire contre ces mêmes nazis, cette mesure est idiote, contre-productive (j’ai assez d’années d’expérience en grande distribution pour avoir constaté qu’à défaut de bosser, les Français consomment les jours fériés et font tourner la machine économique). Bayrou nous parle de 4,2 milliards de recettes supplémentaires pour l’État, ce qui correspond pile poil au montant de … l’ISF supprimé par Macron en 2017.

Cette mesure vise clairement à être une variable d’ajustement, qui sera supprimée au terme de pseudo-négociations avec les partenaires sociaux et les oppositions et permettre au Gouvernement de faire passer la pilule sur le reste.

Année « sauce blanche »

Un des remèdes envisagé est une « année blanche ». Pas de revalorisation des aides diverses (destinées aux plus pauvres), gel du point d’indice des fonctionnaires (mesure facile mais qui enlève encore un peu d’attractivité aux métiers des services publics), effort demandé aux retraités. En échange de quoi les barêmes d’impositions sur le revenu ne varient pas (mais les revenus évoluant, certains foyers non-imposables risquent de basculer d’une tranche et d’être redevables de l’impôt).

Le problème de cette mesure est qu’elle va encore accroître le nombre de pauvres en France (15% des foyers vivent sous le seuil de pauvreté actuellement), et que ça va aussi avoir un impact sur la consommation des ménages (je le redis, les « pauvres » consomment la quasi intégralité de leur revenu, alors que les plus riches épargnent). Donc on risque de voir encore et encore des commerces baisser pavillon, et des emplois détruits par centaines… ce qui créera encore plus de pauvres.

Sur les retraités (et je vais pas me faire que des amis…) : les retraités d’aujourd’hui sont raisonnablement bien lotis, ils ont certes travaillé pour créer de la croissance et en profiter, mais ils bénéficient aujourd’hui d’un régime avantageux et disposent de revenus plus confortables que nombre d’actifs actuels. Il est donc juste qu’ils prennent leur part dans le remboursement d’une dette qui leur a bien profité. Je mets un bémol sur les retraités les plus pauvres, qui eux vivent chichement, qui ont souvent exercé les tâches les plus ingrates, souvent au péril de leur santé, et qui devraient être exonérés de cet effort, ne serait-ce que pour les services rendus.

Émincé de fonctionnaires

Bayrou a aussi annoncé sa volonté de tailler dans les effectifs de la fonction publique. Celle-ci a déjà été affectée par les années Sarkozy, mais en bon centriste de droite, la recette du Béarnais propose de ne pas remplacer un fonctionnaire sur 3 partant en retraite. Il propose donc aux 2 restants de se partager 1/2 temps plein supplémentaire en plus de leur travail actuel, et sans augmentation (puisque le point d’indice est gelé).

On voit que le Palois ne fréquente pas beaucoup les guichets des administrations publiques, qui sont déjà débordés (le traitement des dossiers que ce soit à la CAF, à la CPAM ou aux impôts prend déjà beaucoup de temps, souvent au détriment de l’usager), et je me demande comment il va pouvoir faire passer la pilule sans mouvement social d’ampleur. Nos services publics sont déjà au bord du gouffre, le Premier Ministre a visiblement choisi de faire un grand pas en avant.

En passant, il souhaite aussi supprimer les agences inutiles (autant dire les agences qui veillent sur l’environnement, la sécurité alimentaire et/ou nucléaire…), supprimant ainsi un bon millier de postes, et levant les freins aux entreprises (sous-entendu donner les coudées franches aux lobbies, dans la plus pure tradition libérale).

Bouillon de médocs

Enfin Bayrou veut responsabiliser les malades, en particulier ceux souffrant d’affection de longue durée. Alors que la loi Duplomb réintroduisant des pesticides nocifs menace de faire augmenter en flèche le nombre de cancers, alors que la santé mentale de nos concitoyens est de plus en plus affectée, voilà que ces pauvres malades vont devoir payer plus cher pour se soigner de maladies provoquées en partie par les choix politiques menés depuis 7 ans.

Les déserts médicaux s’étendent, il est de plus en plus difficile de trouver des médecins pour se faire diagnostiquer et soigner dans un délai raisonnable, certains spécialistes sont introuvables (essayez de prendre un rendez-vous chez un dermatologue pour ce grain de beauté qui grandit, ou de confier votre mal-être à un psy pour voir…), mais on va faire payer la note à ceux qui sont malades et qui ont eu la chance de trouver une solution pour se faire soigner…

Voilà encore un coup dur porté à l’état de santé déjà pas brillant de nos concitoyens, qui vont encore voir leur protection sociale rognée, et leur cotisation mutuelle augmentée pour compenser ce surcoût. Et tant pis pour ceux qui n’auront pas les moyens de supporter les frais, l’euthanasie (ou aide active à mourir) est désormais autorisée.

Pain sec pour les collectivités

Les collectivités locales sont aussi instamment priées de faire un effort. Alors qu’elles supportent l’essentiel des dépenses d’investissement pour leurs administrés, qu’elles sont souvent un moteur de l’aménagement du territoire, des politiques publiques, du lien social et qu’elles ont obligation de présenter des budgets à l’équilibre, il leur est demandé un énième coup de rabot dans leurs dépenses jugées somptuaires.

Il faudra désormais faire des choix entre des routes bien entretenues ou des écoles dans un état acceptable (sans parler des classes qui surchauffent à l’approche de l’été), des prestations sociales honorées ou des transports à l’heure… la liste est longue. On peut craindre surtout pour l’investissement, pour les initiatives qui font vivre les territoires, pour les établissements type EHPAD publics qui souffrent déjà de la disette budgétaire…

Et n’oublions pas que si les routes sont mal entretenues, des bonites comme Amazon seront les premières à gueuler parce que leurs livreurs ne peuvent pas circuler… ça serait dommage pour les bénéfices ça !

Menu 3* pour les plus riches

Par contre, dans ces mesures, rien n’est vraiment annoncé pour mettre à contribution les plus riches, les 10% qui détiennent près de la moitié du patrimoine du pays et qui contribuent, par leur mode de vie, à la moitié des émissions polluantes émises par ce même pays. Il est évoqué à demi-mot une « contribution exceptionnelle » (donc qui ne s’inscrira pas dans la durée), et qui ne constituera pas l’essentiel de l’effort

Idem pour les aides aux entreprises, qui en profitent souvent pour gonfler les dividendes reversés aux actionnaires (100 milliards … oui milliards versés aux actionnaires par les sociétés du CAC40 en 2024) et qui, parallèlement, continuent à licencier, fermer des usines jugées pas assez rentables, tout en profitant de crédits d’impôts divers et variés (le CICE, une riche idée … pour les riches vraiment)

Et un laxatif pour faire passer le tout

Pour dire les choses clairement, la Macronie n’a rien trouvé de mieux que de faire payer aux Français l’addition de 8 ans de gabegies, de l’échec total de sa politique du ruissellement, de ses choix de privilégier les milliardaires au détriment des Français qui travaillent, de ceux qui font réellement vivre le pays et qui voient, chaque année, l’espoir d’un avenir un peu meilleur s’amenuiser.

Je ne sais pas si ce budget (et le gouvernement) sera censuré ou pas, je ne sais pas quelle opposition osera ou se dégonflera au dernier moment, mais j’en viendrais presque à souhaiter le retour des Gilets Jaunes dans nos rues, sur les rond-points, et la paralysie du pays pour que Bayrou et sa clique mangent jusqu’au bout leur recette indigeste et dégueulasse… même si je suis hélas convaincu que leurs successeurs seront encore plus mauvais cuisiniers…

1 Comment

  1. Anonyme

    Bravo 👏👏👏👏👏👏👏👏👏👏👏👏

Laisser un commentaire