Hier, la Maire de Paris (et candidate putative à l’élection présidentielle de 2022) a déclaré ceci :
Les Parisiens ne vivant pas comme nous, ils devraient donc avoir droit à un régime d’exception.
Au lit les bouseux
C’est vrai que par chez nous, la nuit tombe beaucoup plus tôt qu’à Paris. C’est comme si le nuage de pollution qui stagne au dessus de l’agglomération parisienne empêchait le soleil de se coucher tout les soirs. Donc les bouseux de province peuvent aller se coucher à 20h30, juste après le journal de PPDA (oui on reçoit encore PPDA chez nous, c’est le décalage horaire).
Et puis c’est bien connu, y’a absolument rien à faire chez nous après 18h. Pas d’activités, pas de culture, pas de vie. COVID ou pas COVID, quand tu dépasses les limites de la Petite Couronne, tu rentres dans une autre dimension, peuplée de vaches ou de moutons en train de paître paisiblement, et de bergers occupés à trousser leur bergère dans les meules de foin (ben oui, vu que les gamins ont plus de chance de mourir d’accident ou de malnutrition, faut bien assurer la survie de l’espèce).
Et un bistrot de Loudéac aura jamais le même charme qu’un troquet parisien : les piliers de comptoir sont pas les mêmes, question de standing (ceci dit à 15 balles le demi faut avoir un certain standing pour se murger à Paris). Donc, oui, les provinciaux peuvent aller se cloîtrer à 18h, mais pour les Parisiens c’est beaucoup trop tôt.
Fermer sa gu… c’est tout un art.
Sauf que, Madame La Maire, il ya aussi une vie en dehors de Paris. De grandes agglomérations sont peu ou prou touchées par les mêmes problèmes de circulation (la Prom’ a souvent des allures de Périphérique vers 18h) ; et vu que les problèmes de logement pour les classes moyennes sont un peu les mêmes partout, les temps de transports sont souvent similaires.
La vie culturelle, associative, ou sociale est à peu près la même partout. Celles et ceux qui travaillent en province apprécient tout autant que vos administré-es de se retrouver le soir pour partager un bon moment. Et en sont tout autant privé-es en ce moment. Par ailleurs, sans aller jusqu’à une étude scientifique poussée, les leçons de la première vague de l’épidémie (en particulier en Île-de-Fance) devraient vous rappeler que la densité de population favorise très nettement la circulation du virus.
Enfin, quand on a la volonté de vouloir rassembler les Françaises et les Français derrière soi, il n’est jamais bon de les distinguer les un-es des autres.