C’est peu dire que l’intervention présidentielle d’hier soir était attendue. La situation imposait de nouvelles mesures, plus contraignantes certes mais c’est le prix à payer pour avoir tant tardé à agir !
“Des jours de liberté de gagnés”
Le Président s’est félicité de ne pas avoir pris ces mesures plus tôt. En effet, d’après lui, nous avons ainsi pu bénéficier de plus de libertés que nos voisins européens. Il oublie de préciser que le prix de cette liberté est quand même sacrément élevé.
Chaque jour, 400 de nos concitoyen.nes perdent la vie. C’est l’équivalent d’un crash d’avion, c’est quasiment 4 fois plus de victimes que le funeste attentat de Nice – et c’est tous les jours.. Le tout dans l’indifférence la plus totale. Les médias en parlent à peine, les ministres encore moins – et clairement tout le monde s’en fiche. Autant l’an dernier, on avait droit à la longue litanie des chiffres par le Pr Salomon (on se demande d’ailleurs ce qu’il devient ? ), autant cette année le sujet n’est pas là.
Le problème, c’est que nous sommes tributaires des capacités des services de réas, et des hôpitaux. Comme ceux-ci étaient déjà à la limite avant le déclenchement de la crise, et que rien n’a été fait en un an pour renforcer leurs capacités, les premières surchauffes du système hospitalier obligent à ralentir tout le pays, afin de contenir l’épidémie et éviter un jeu de massacre. À ce petit jeu, Emmanuel Macron a joué – et perdu. Son pari de ne pas reconfiner dès les premières alertes a permis une explosion des contaminations, et par corollaire à la saturation du service de santé. Les jours de liberté dont nous avons bénéficié en février sont ceux que nous perdrons ce printemps. Et probablement pour plus longtemps que 4 semaines.
Parce qu’il ne faut pas croire que ces 4 semaines de pseudo-confinement suffiront – hélas – à ralentir suffisamment l’épidémie. Le pic n’est pas atteint (les malades contaminés aujourd’hui arriveront dans les hôpitaux d’ici 8 à 15 jours, et souvent pour de longues durées pour les cas les plus graves. Et donc les premiers bénéfices de cette situation n’apparaîtront pas avant 5 semaines. Le temps de s’assurer que cette tendance se confirme, et nous serons déjà à la mi-mai.
Réouvertures ?
D’ailleurs, parlons un peu de cette fameuse mi-mai. Le Président, afin probablement de mieux faire digérer la mauvaise nouvelle, a annoncé une possible réouverture de certaines terrasses et de certains lieux culturels pour cette période. Et comme nous tous j’aimerais fortement y croire.
Vous aurez déjà noté la nuance : “certains” ! Autant dire que s’il doit y avoir une sélection, les règles seront drastiques et probablement inapplicables pour la plupart des cafés et restaurants lambdas, seuls ceux bénéficiant d’une surface importante auront la possibilité de rouvrir leurs terrasses. Je ne veux pas jouer les mauvaises augures, mais cet objectif affiché me paraît pour le moins illusoire. Et il en sera de même pour les activités culturelles annoncées. On sait aussi pertinemment que tant que la couverture vaccinale ne sera pas étendue plus largement, il sera difficile d’espérer reprendre une vie sociale et culturelle normale.
Cette annonce ressemble clairement à un enfumage, une tentative de faire passer l’amère pilule auprès des Français.es et de faire oublier la difficulté de l’effort demandé. Je persiste à penser que des mesures plus strictes, au coeur de l’hiver (ou un confinement est peut-être plus facile à vivre au vu des températures extérieures) auraient été moins longues dans la durée, plus supportables aux yeux de nos concitoyen.nes, et nous aurait permis de profiter d’un printemps plus agréable.
Et au vu de la personnalité du Président, j’ai bien peur que ce pari perdu ne soit pas le dernier…