Liberté conditionnelle

Depuis mercredi, les terrasses sont ouvertes, et ne désemplissent pas. Après une vie de moine depuis l’automne dernier, marquée par les confinements, couvre-feux, reconfinement etc… il était temps que la soupape se libère et de retrouver le goût des choses simples.

Sortie du bagne

Après les 8 mois de prison mesures sanitaires strictes, on a pu sentir une certaine allégresse s’emparer de la population … et des journalistes qui sont forcément en boucle là-dessus depuis 3 jours. Il faut reconnaître que notre génération a rarement connu des temps aussi difficiles.

Au-delà de la crise sanitaire, on sent que l’ensemble de la société est à cran. Soignant-es, enseignant-es, forces de l’ordre, premièr-es de corvée… ne cessent de manifester et de faire entendre leur désarroi, leurs inquiétudes et parfois leur colère, et de plus en plus de personnes se disent essorées. Depuis bientôt 30 ans, on entend dans la bouche de nos responsables politiques des mots comme économies, austérité, réformes … C’est comme si on continuait d’essorer une éponge qui est déjà complètement sèche.

On apprend aussi que le secteur de l’hôtellerie et de la restauration a de plus en plus de peines à faire revenir des salarié.es qui ont redécouvert des joies simples, comme passer du temps avec leur famille. Les demandes de reconversion professionnelle explosent, les jobs à la con n’attirent plus… on sent de moins en moins d’acceptation de ce modèle. Les gens veulent travailler, mais ils cherchent désormais un sens. Ils n’ont plus envie de s’abrutir à des tâches peu gratifiantes, pas reconnues et pas toujours bien payées.

Et maintenant ?

On va déjà profiter de ces petits bonheurs retrouvés : flâner au soleil après 19h, retrouver les copains et copines qu’on ne voyait plus guère qu’en visio, se détendre un peu, prendre un peu l’air, et relâcher la pression et les angoisses accumulées tout au long de cet hiver si pénible. Il va falloir aussi se remettre à écouter, à échanger, à regarder en face cette société qui a beaucoup (trop) sacrifié pour ne plus être entendue.

Nous devrons aussi nous interroger sur les excès de ce monde. La mondialisation est probablement allé trop loin, et cette crise sanitaire en a montré tous les effets pervers : des pans entiers de notre société de services pénalisés, une incapacité à produire des biens pourtant essentiels à notre propre survie. Sans parler des bienfaits de ces confinements successifs, comme la pollution en baisse dans nos cités, grâce au télétravail et aux circulations réduites, etc… Il y a désormais pas mal de nouvelles pistes prêtes à être exploitées, approfondies, pour inventer des modes de vie, plus respectueux de la planète et de ses habitant-es.

Finalement, il n’est pas trop tard pour le préparer, ce monde d’après !

Image : Photo de William Fortunato provenant de Pexels

2 commentaires

  1. J’ai lu l’article qui explique la défection d’une partie du personnel dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. Ils ont oublié de signaler qu’en plus des contraintes (peu ou pas de week-ends et horaires décalés), le secteur propose des salaires au lance-pierre et peu de considération pour son personnel. Dans le domaine que je maîtrise “un peu”, je vois des collègues maîtriser 2 ou 3 langues et être corvéables à merci pour un smic hôtelier. Je ne m’étonne donc pas qu’ils aillent voir ailleurs si l’herbe est plus verte.

    • Oui. Beaucoup d’employeurs demandent des compétences de plus en plus pointues mais “oublient” que celles-ci ont une valeur. Et des salarié.es qui progressent au cours de leur carrière, parce qu’ils se forment, parce qu’ils acquièrent de l’expérience, ne voient pas forcément ces nouvelles compétences reconnues.
      Beaucoup d’entreprises voient leurs salarié.es à l’aune du coût sur les comptes d’exploitation, mais oublient la valeurs qu’ils sont et qu’ils créent en retour de ce “coût”, qui devrait bien plus être vu comme un investissement et une valeur pour leur employeur.

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