[Sévices publics #1] Les transports
Dans cette nouvelle rubrique, je vais vous raconter mon quotidien de néo-rural, et de tous les inconvénients qu’apportent la vie à la campagne quand rien ou trop peu n’est accessible.
Pour ce premier épisode, nous allons parler de la liberté de se déplacer.
Un peu de géographie
Le coin où je vis se situe à cheval entre deux communautés d’agglo : Vannes et Auray. Il dépend d’une petite commune, elle-même non desservie par les lignes urbaines. Si un habitant a besoin d’un transport, il peut réserver une navette à la demande. Sauf que la navette dessert des arrêts biens spécifiques, et le plus proche de chez moi est à … 5,5 kilomètres.
Et pas 5,5 km de jolies routes pavées, de pistes cyclables et tout ça, non. C’est de la bonne route de campagne, limitée à 80 km/h, sans trottoir, sans aménagement piéton ou cycliste, bref un coup à se faire prendre par une bagnole au détour d’un virage. Et couper par la forêt, avec les chasseurs, c’est le risque de se prendre un pruneau mal placé…
Pas de voiture, pas de déplacement
Du coup c’est bagnole obligatoire. N’en déplaise aux écolos et à Anne Hidalgo, il n’y a strictement aucune alternative. Alors que j’ai réussi à m’en passer allègrement ces 45 dernières années, me voilà contraint à m’inscrire au permis de conduire et à réviser les panneaux, les règles de conduite etc.
Ce n’est pas le pire… mon inquiétude concerne aussi l’achat du véhicule. Comme le système est bien fait, je n’ai actuellement aucun revenu (merci aussi aux crevards actionnaires d’Auchan, trop radins pour accepter une rupture conventionnelle), donc, permis ou pas, je ne sais pas trop comment je vais pouvoir la payer, la voiture.
Et donc, sans voiture, je peux difficilement trouver un emploi, qui me permettrait d’acheter la dite-voiture et de récupérer ma liberté de déplacement et donc mon employabilité… vous aussi vous avez l’impression de tourner en rond ? C’est normal.
Du coup tu fais comment ?
Pour le moment, tout dépend d’une seule voiture, et de la seule habilitée à la conduire. C’est évidemment aussi la seule à travailler de façon pérenne, la seule à pouvoir transporter les enfants entre école, lycée, activités extra-scolaires, la seule aussi à pouvoir me promener en cas de besoin.
Il suffit d’une absence, d’une défaillance (la fatigue et tout ça), pour que tout une famille se retrouve assignée à résidence, pour que le petit ne puisse pas aller en classe, que la grande ne puisse pas passer son bac, ou que je loupe une leçon de conduite ou un rendez-vous à Pôle Emploi, avec le risque d’être radié.
Bref, me voilà assigné à résidence, faute de moyen de déplacement autre que mes deux jambes.
Et les élus, ils disent quoi ?
Pour le moment pas grand-chose. D’abord parce qu’il y a des élections législatives et ils ne se préoccupent guère que de ça. Ensuite, les confins d’une petite commune de l’agglomération, ça concerne pas grand monde, donc pas de quoi faire basculer une élection (surtout que la voix du maire-de-la-grande-ville/président-de-l’agglo prédomine sur toutes les autres…)
Par contre, au travers des impôts, ces habitants contribuent à financer un réseau de transport qui ne leur est pas accessible, au même tarif que les urbains qui ont 10 lignes de bus sous leur balcon. L’égalité existe… mais uniquement face à la feuille d’impôts. Pour le service rendu, on repassera
À suivre