La guerre des Rose

C’est peu dire que le Parti Socialiste a trouvé (enfin) un moyen d’occuper l’actualité. Depuis une semaine, c’est un véritable feuilleton qui se joue pour savoir qui est Premier Secrétaire. Et clairement, il y a un grand perdant dans l’histoire : le Parti et ses militant·e·s.

Contes et décomptes

Le scrutin n’avait pas débuté que déjà, dans la plus pure tradition trumpiste, on voyait fleurir les accusations de fraudes ça et là : en Seine-Maritime, ce sont des scrutateurs qui se sont fait agresser, dans le Nord, les urnes étaient déjà pleines… Le Parti Socialiste entretient une longue traditions, de congrès houleux, mais les réseaux sociaux ont largement amplifié l’écho de ces scènes de crime.

On a vite remarqué que les plus virulents étaient les soutiens du maire de Rouen. Ils ont accusé la direction sortante de ne pas avoir amélioré les règles de vote… oubliant par la même que certains, soutiens à l’époque du maire du Mans, avaient mis en échec une proposition de réforme des statuts du parti ouvrant la porte à ces mêmes modifications. Le vote militant avait même été annulé quelques heures avant l’ouverture du scrutin. Nous étions là en 2018 et la presse n’en avait pas fait écho, tant le parti était inexistant.

C’est donc non sans cynisme que les contempteurs du maire de Rouen accusent de fraude ceux là même qui ont été empêchés de réformer le parti, pour éviter les fraudes. Ce sont aussi les mêmes qui s’étonnent des conditions de vote parfois archaïques dans des sections qui n’ont pas forcément les moyens d’organiser les scrutins dans des conditions idéales… mais qui ont refusé de moderniser la vieille maison socialiste.

La dream team

Dans cette belle équipée contre le premier secrétaire sortant, on retrouve un attelage hétéroclite… souvent proche de la maire de Paris… mais si, vous savez, la candidate qui devait faire renaître le socialisme de gouvernement et dont la formidable campagne s’est échouée au fin fond du classement des candidats à la présidentielle.

Petit retour en arrière : après une campagne présidentielle incompréhensible, y compris parmi les militants socialistes, Anne Hidalgo a accusé Olivier Faure et le parti de ne pas l’avoir assez soutenue. Alors même que les fédérations se sont saignées pour payer les frais de campagne, voilà que l’ex-candidate impute tous les torts au PS, sans même s’interroger sur les raisons du désastre : un programme incompréhensible, des équipes changeantes au gré du vent (qui se souvient de “l’équipe de France des maires ?), des revirements sur la primaire (Tu viens ou tu viens pas ?), et une candidate qui clairement, n’imprimait pas.

Or, on retrouve parmi les soutiens du maire de Rouen peu ou prou la même équipe de brillants conseillers : Assouline, El Aaraje, Siry-Houary, Mennucci, Temal, Kanner… bref celles et ceux qui composaient l’organigramme de la triomphante campagne parisienne (vu qu’elle n’en est jamais vraiment sortie) et qui espéraient prendre leur revanche sur le parti. S’ajoutent à cela celles et ceux qui se sont vus retirer leur circo par le “grand-méchant-Mélenchon” et l’accord de la NUPES… Les pauvres, déçus de ne pas pouvoir se présenter à une élection ou ils partaient perdants, veulent la peau d’Olivier Faure. Pour la petite coïncidence, la maire de Paris avait annoncé sa candidature en direct de… Rouen (ça ne s’invente pas)

Mauvais perdant

Et que dire alors de Nicolas Mayer-Rossignol, qui a trouvé le moyen, dans un même communiqué de presse, de se proclamer vainqueur d’une élection et d’énoncer clairement, quelques lignes plus bas, qu’il était urgent de ne pas communiquer. A sa demande, il y a eu plusieurs recomptes, plusieurs tentatives de conciliation, une volonté de trouver un accord qui soit acceptable et qui n’abime pas (trop) l’image du parti. Tous les décomptes, quelles que soient les hypothèses, donnent Olivier Faure gagnant, mais NMR refuse de l’admettre et continue à jeter de l’huile sur le feu.

Dans les fédérations, c’est la consternation qui domine. Les militants sont loin de cette guerre des chefs, ils aimeraient voir le parti se mobiliser pour lutter contre la réforme des retraites, s’engager pour travailler sur des réponses aux problèmes du pays, et ne pas avoir à être accusés de tricheries et pris à partie par des caciques en mal de reconnaissance. Depuis 2017, le parti cherche à se relever de l’échec du quinquennat Hollande (et qu’un Président sortant soit empêché de se représenter est pour moi un aveu d’échec), à renouer le lien avec ses électeurs, à chercher des solutions pour se moderniser et retrouver sa place dans le paysage politique.

Les militants n’ont que faire des guerres d’ego, des circonscriptions perdues, des ambitions présidentielles des uns ou des autres, et des mauvais perdants. La politique n’est pas une rente, ni un dû. C’est un engagement, au service du pays et de la population, pour des idées et pour des idéaux. Ce n’est pas et ça ne doit pas être une histoire de personnes et d’ambitions avortées… ni de petites magouilles et autres tripatouillages entre initiés. A bon entendeur !

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