Session de rattrapage

De plus en plus de salariées et salariés touchent le SMIC, ou à un salaire très proche. Et l’inflation n’a rien arrangé. Mais le patronat n’est pas non plus avare d’efforts pour maintenir les salaires au ras des pâquerettes… s’étonnant toujours plus du désinterêt de leurs salarié·e·s pour le travail.

Les chiffres ne mentent jamais

D’après Libé, 17,3 % des Français·e·s au travail sont rémunéré·e·s au niveau le plus bas : le Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance. Soit la fortune de 1 383,08 € mensuels. On peut pas dire que ça pèse lourd, surtout en ces temps de hausse des prix de la nourriture, de l’énergie… bref de tout. Pour être plus clair, une personne sur 5 qui travaille (donc on parle pas des chômeurs et autre soi-disant assistés) touche le minimum légal.

Analysons la signification de cet acronyme connu de tous, et en particulier le terme « Croissance ». Dans l’optique de ces concepteurs, ce salaire était problablement destiné à celles et ceux qui démarraient dans la vie active, ou qui reprenaient une activité après une période de chômage… bref une base sur laquelle on pouvait s’appuyer pour développer et monnayer ses compétences.

Après 20 ans de libéralisme forcené dont 10 de macronisme (oui, ça a commencé en 2014), force est de constater que les employeurs français considèrent cette norme comme un salaire maximum plutôt que minimum. Et qu’ils en tirent avantage en rémunérant leurs salariés au minimum légal… il suffit de corréler les chiffres de rémunération des employés avec ceux des actionnaires pour s’apercevoir que le ruissellement se fait dans le mauvais sens

Cascade… à l’envers

Sur le (la) gril(le)

Dans nombre d’entreprises, les grilles de rémunérations sont rattrapées par la hausse régulière su SMIC, poussé par l’inflation. Ainsi, on voit des employés qualifiés rémunérés de la même manière que des personnes qui le sont moins. Prenons un exemple très simple et bien connu de mes chers lectrices et lecteurs : la grande distribution !

Dans un hypermarché, vous trouvez des employés dont les niveaux de qualification ne sont pas les mêmes, et qui n’occupent pas les mêmes fonctions. La règle veut que certains employés se voeint proposer des tâches supplémentaires (gérer les stocks, les commandes de marchandise, négocier avec les commerciaux, piloter des implantations…) et obtiennent une rémunération plus conséquente : ils montent de niveau.

Idem pour les employés spécialisés : un boucher, un charcutier, un boulanger ou un vendeur qualifé se verra proposer une rémunération supérieure à un de ses collègues non-diplômé, en récompense d’un savoir-faire qu’il partagera avec ses collègues et qui permettra de proposer au client une offre plus qualitative.

Or, avec le rattrapage des plus basses rémunérations par le SMIC et les négociations qui traînent en longueur, quand elles ne sont pas repoussées par les employeurs faute d’accords, ces salariés qualifiés finissent par toucher le même salaire au centime près que leurs collègues qui n’accomplissent pas les mêmes tâches, et dont le niveau de responsabilité est bien moindre. Comment dès lors rester motivé pour bien faire son travail, et se casser la tête pour finalement … rien !

Nivellement par le bas

Le résultat de cette politique conduira inéluctablement à une baisse du niveau de qualification de nos concitoyens… faute de motivation. Il ne sert en effet à rien de se former pour un métier, d’en apprendre toutes les ficelles, de mobiliser ses compétences, son temps et sa motivation pour au final être payé au ras des pâquerettes… comme le collègue à côté qui n’y connaît rien et/ou n’en branle pas une (ils ne sont pas encore tous ministres ceux-là).

Et qui dit salaires plus bas dit, mécaniquement, retraites plus maigres au bout de la carrière. Alors que nos retraités actuels (ok boomers), qui ont bénéficié des années de croissance et profitent d’une retraite des plus confortables, les générations qui se préparent à y entrer termineront leur vie comme elles l’ont toujours vécu ; dans la pauvreté.

Le seul (gros) problème dans tout ça, c’est que ces générations d’actifs et de retraités pauvres ne contribueront guère à la croissance, faute de moyens. C’est souvent ce qu’oublient les libéraux… s’il n’y a plus personne à qui vendre, comment vont-ils gagner plus d’argent ?

C’est con souvent un riche…

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