Le camp macroniste a perdu les législatives, dans les grandes largeurs même, mais semble refuser obstinément d’admettre sa défaite. Pourtant, il ne s’agit que d’un peu d’arithmétique et de bon sens. Et visiblement, à droite on en manque de plus en plus.
Le compte est bon
Résumons : au soir du 7 juillet, l’Assemblée est composée comme suit :
- 192 sièges pour les députés Nouveau Front Populaire et Divers Gauche
- 163 sièges pour le groupe centriste (Ensemble !, Modem, UDI et Horizons)
- 66 sièges pour LR-canal historique (il paraît que ça s’appelle la Droite Républicaine maintenant)
- 143 sièges pour les fachos et le traître Ciotti.
- et 13 sièges pour les autres (régionalistes et divers)
Donc, sachant que 192>163>143>66>13, on voit bien que le groupe le plus important est celui du NFP. J’en déduis donc, comme toute personne normalement constituée et qui sait compter (ce qui exclut d’office Bruno Le Maire) que le NFP a gagné. Sauf que visiblement c’est pas évident pour tout le monde encore.
La litanie des ouin-ouin
On entend çà et là des personnalités politiques de tous bords nier l’évidence : Gérard Larcher, Aurore Bergé (elle en loupe pas une), Valérie Pécresse (je l’ai entendue par hasard sur France Info, un vrai calvaire), et une foultitude de personnalités de droite et macronistes (pardon c’est pareil) appellent à la constitution d’une coalition, chacun demandant que le futur Premier Ministre soit issu de son camp. Y’a aussi quelques copains qui ne l’ont pas encore compris, mais pour eux je conserve encore un peu d’espoir (plus là-dessus que pour faire un blog moins moche 😊 )
Et surtout, ils sortent tous la menace de la censure d’un gouvernement qui comporterait des membres issus de LFI : ces cons-là oublient, encore une fois, qu’ils ont été élus en partie grâce au désistement des candidats NFP arrivés 3ème dans leurs circos, et grâce au report massif des électeurs de gauche sur leurs candidatures. Si la bérézina annoncée n’est pas arrivée dans le groupe centriste, c’est parce que les électeurs du NFP ont massivement appliqué, encore une fois, le barrage républicain (à 74%), alors que seuls 52 % des électeurs macronistes l’ont fait en faveur des candidats du NFP.
Pour être clair, si on avait été dans une élection “normale”, le camp macroniste compterait probablement moitié moins de députés que ce qu’il détient aujourd’hui. Admettre cette réalité devrait les amener à adopter une attitude des plus modestes.
Aussi, quand j’entends ces losers dire qu’ils censureront un gouvernement de gauche, je me dis que je resterais probablement au chaud la prochaine fois, au lieu de faire barrage, et qu’ils se démerderont avec les bas du front au pouvoir. Entendre ce genre de conneries, c’est clairement chier à la gueule de leurs électeurs.
Et pourquoi pas la gauche d’abord ?
En fait je ne comprends même pas de quoi ces gros losers ont peur. Ils ont clairement échoué dans tous leurs objectifs depuis 7 ans. Les Français souffrent de plus en plus, les inégalités se creusent, la dette aussi, ils ont connu des grèves et des manifs comme rarement, leurs dernières réformes sont passées aux forceps et contre l’opinion publique : peu de nos concitoyens les regretteront.
Le vote massif du RN, concentré sur les zones rurales et péri-urbaines, est clairement une expression de la colère de ceux qui se sentent déclassés, chassés des grandes villes, qui travaillent sans en ressentir le fruit et qui ne se sentent plus en phase d’un pays ou les seuls profiteurs sont les grands patrons, les héritiers et les boursicoteurs.
Le programme du NFP (que je vous invite à lire) n’est pas vraiment d’extrême-gauche. Il est même moins à gauche que celui qu’a porté Mitterrand en 81. Il a en plus l’avantage d’être financé, générateur de croissance (si les gens retrouvent le chemin de la consommation, ça génèrera de la croissance, même un élève de première sait ça) et de baisse des inégalités.
Reste le “problème LFI” : si Mélenchon constitue un repoussoir par ses éxcès et sa manie de bordéliser la vie politique, il faut bien comprendre que son agitation masque le fait qu’il est désormais minoritaire. Les purges de Corbière, Davi, Garrido… ont échoué pour la plupart, une frange d’ex LFI ira siéger ailleurs, les socialistes seront majoritaires au sein du NFP et auront bien plus de facilité à maintenir la cohésion avec les écolos, les communistes, et les dissidents lfistes. On aura donc une majorité de députés de gauche raisonnables, prêts à gouverner le pays et en capacité de discuter, texte par texte, avec les autres groupes parlementaires pour créer des majorités de circonstance.
Bref, un gouvernement issu du camp vainqueur des élections aura toute latitude pour gouverner, et – espérons-le – éviter qu’on rejoue à se faire peur dans 3 ans (sans garantie que cette fois le front républicain fonctionnera encore).
On peut critiquer Mélenchon. Mais c’est en grande partie, grâce à lui, que la gauche est à 192 députés. Il a fait remonter le PS, les écolos qui avaient disparu de la circulation.