On a vu précédemment qu’il n’était pas si difficile de lâcher X. Le contexte politique américain inquiète, et en l’état beaucoup d’entre nous ont des données chez Google, Apple, Meta et consorts. Pourtant, des alternatives existent, certaines libres, d’autres hébergées sur le continent européen. Petite revue de détail.
L’OS, le cœur du réacteur
J’ai toujours une préférence pour macOS, mais Linux peut constituer une alternative viable. Pour les « débutants », on privilégiera une distribution accessible comme Ubuntu ou Linux Mint qui en dérive. Elles sont stables, assez faciles à maintenir, et on peut aisément ne jamais avoir besoin de la ligne de commande.
La plupart des distributions sont fournies avec les logiciels de base pour la bureautique (LibreOffice), un peu de graphisme (Gimp) et quelques utilitaires. On trouve très facilement des logiciels libres pour du montage de vidéo (Openshot par exemple), classer ses photos (Shotwell), et il y a même des stores d’applications intégrés pour trouver son bonheur. Pour certains, les web-apps font le job (je pense à Canva). Le navigateur Firefox est souvent fourni avec, mais vous pouvez utiliser des alternatives comme Chromium (Chrome en version dégoogleisée), ou Brave (qui met l’accent sur la protection des données persos).
Et pour les plus joueurs, Steam propose des collections de jeux sur Linux, y compris des titres haut de gamme, avec parfois des performances bien meilleures que sur les derniers Windows. Bref il y a de quoi s’occuper longtemps en toute liberté;
Le cloud, où puis-je héberger mes données
Il existe des myriades de solutions. La première est le cloud auto-hébergé à la maison, via un NAS ou une machine dédiée avec un serveur Nextcloud installée dessus. Mais ça nécessite de la maintenance et ce n’est pas à la portée de toutes les bourses.
Pour autant, on trouve des alternatives à Google Drive ou OneDrive qui sont de plus en plus complètes et performantes. Par exemple la kSuite d’Infomaniak, qui héberge l’ensemble de ses données en Suisse, ou des hébergeurs comme Ionos qui propose du cloud managé pour ranger vos données. Tous ces services proposent des applications pour ordi et/ou smartphone, et on peut facilement sauvegarder et synchroniser ses données, ses photos entre tous les appareils reliés au clou, tout en les préservant des regards d’Apple, Google et cie.
Les réseaux sociaux, pour partager avec les copains
C’est pour le moment sur ce sujet que le débat fait rage : où peut-on s’exprimer, partager des moments, des pensées ou des blagues avec ses ami·e·s sans l’emprise de Musk, Zuckerberg et cie. Bluesky offre une excellente alternative à X, la communauté se développe vite, les développeurs ajoutent régulièrement des nouvelles fonctionnalités, le protocole est décentralisé, et on peut appliquer aisément ses propres règles de modération.
Pixelfed offre une alternative sympa à Instagram pour partager ses images avec les copains. Le service s’appuie sur le fediverse, et les mêmes protocoles que Mastodon pour partager son profil et ses images. Ça reste peu connu mais la base technique est fiable, il y a des chances pour que ça progresse assez vite.
Pour les messageries, il existe des alternatives à WhatsApp. Signal est de plus en plus fréquentée, et ça reste à ma connaissance celle qui offre le meilleur compromis entre la convivialité et la sécurité des échanges (son protocole de cryptage est tellement bon que même … WhatsApp l’utilise 🙂).
Et le smartphone ?
Et c’est là que ça se complique : en l’état, il n’existe pas d’alternative grand public à Android (de Google) ou iOS (d’Apple). Même si le Digital Services Act oblige ces deux fabricants à ouvrir les portes de leurs systèmes, il reste encore difficile de passer par des stores alternatifs pour installer ses applis préférées.
Il existe quelques systèmes alternatifs basés sur AOSP (la partie Open source d’Android), comme e/os, mais installer ces systèmes sur un téléphone demande du temps et des compétences, sans garantie que tout fonctionne. On peut déjà veiller à transmette le moins de données possibles en utilisant à minima les services des GAFAM, par exemple en utilisant uniquement le Play Store pour récupérer les apps alternatives dont on a besoin, sans forcément héberger ses données chez Google. Mais l’Europe aurait une carte à jouer en développant et promouvant un système alternatif et en contribuant au développement de constructeurs comme Fairphone.
Pour le commerce en ligne, on peut aisément privilégier son libraire à Amazon, rechercher des alternatives locales aux grandes chaînes et/ou privilégier une certaine déconsommation (ai-je vraiment besoin de ce truc en plastique inutile ou ce pull Made in Bangladesh ?). Et le plus souvent, il suffit de rechercher des alternatives pour les trouver et réussir à se passer quasi complètement des GAFAM sans sacrifier sa vie numérique.