Difficile de passer à côté de la salade niçoise de la semaine.

https://nicepresse.com/epidemie-de-coronavirus-derapages-en-serie-chez-nice-ecologique/

Au-delà de la bêtise de ces propos, dont je laisse la primauté à son autrice, se pose la question de la responsabilité de l’élu.

Nous sommes confrontés depuis plusieurs mois à une crise sanitaire majeure. 30.000 décès en France, des centaines de milliers de part le monde, et des chiffres de contamination qui repartent à la hausse. La science est en l’état impuissante face à ce virus, et pour le moment, il est nécessaire à tous de se protéger, pour pouvoir continuer à vivre à peu près normalement. Et donc, une élue se permet de diffuser un message remettant en cause le port du masque dans l’espace public, au risque de semer le trouble dans la population, et de mettre en danger les plus vulnérables.

Le poids des mots

Lorsque on est un élu de la République, on est au service de ses administrés, et on est responsable de leur protection. La légitimité conférée par le suffrage universel oblige à veiller à sa propre expression, à s’assurer que les propos que l’on tient (en particulier dans l’espace public – et le web est un espace public) ne soient pas susceptibles de porter atteinte à ceux que l’on représente. Il ne s’agit pas de remettre en cause la liberté d’opinion et d’expression, mais de savoir mesurer ses propos, et s’assurer de la véracité des sources citées.

Vous me rétorquerez – à juste titre – que jusqu’au sommet de l’Etat on peut entendre parfois des bêtises énormes : “Casse-toi pauvre con”, “le pognon de dingues“, j’en passe et des meilleures sont des expressions qui n’ont pas leur place dans la bouche d’un Président de la République, les mensonges à propos de l’affaire Benalla n’auraient jamais dû exister, et bien évidemment les discours sur l’inutilité des masques tenus au printemps par les ministres pourraient presque être tenus pour criminels.

Dans le cas qui nous intéresse, on parle de ce qui est le précieux pour nos concitoyens : la santé. Dans ce cas plus encore que dans d’autres, l’élu a un devoir d’exemplarité. Par le message qu’il diffuse, il porte la responsabilité du comportement des citoyens, dont on sait aujourd’hui qu’il est le seul moyen de protection face à l’épidémie. La faute commise par cette élue, encouragée indirectement par son chef de file est d’autant plus impardonnable.

Capture d’écran du compte Twitter de J-M Governatori
Citoyen responsable – tu parles !

J’observe depuis plusieurs semaines à Nice un relâchement des gestes barrière : rassemblements multiples sans respect de la distanciation sociale, non-port du masque dans les transports en commun (y compris par les chauffeurs eux-mêmes) … beaucoup se comportent comme si le COVID n’existait pas.

D’autres portent le masque quand ils sont obligés, mais n’ont pas abandonné leurs bonnes vieilles habitudes, traitant celui-ci comme ils traitent leurs déchets habituels, en les abandonnant n’importe où dans l’espace public : y’aura bien un clampin sous-payé pour le ramasser après tout.

Masque abandonné au beau milieu d’un supermarché

Tous ces comportements reflètent l’état d’esprit du moment : les gens sont profondément individualistes, se préoccupant seulement de leur petite personne et considérant que les autres n’existent pas. Après tout, ça ne tue que les vieux et les malades, tant pis pour eux (même si c’est loin d’être vrai).

A la sortie du confinement, je nourrissais le mince espoir que les gens prendraient conscience – enfin – de la nécessité de changer de comportement. On parle des mêmes qui applaudissaient les soignants et les premiers de tranchée tous les soirs massés sur leur balcon, et qui aujourd’hui ont repris leurs habitudes d’enfants gâtés, individualistes et méprisants.

Pour le moment, le monde d’après c’est surtout chacun sa gueule.

2 commentaires

  1. Sur la co-morbidité, Governatori a raison sur le masque et la co-morbidité. 9000 personnes au Puy du Fou de manière dérogatoire ! Pas de masque en entreprise et le masque dans la rue. Revenons à la pratique stricte des gestes barrière !

    Si le nombre de cas repart à la hausse, c’est tout simplement que les autorités de santé testent massivement les gens. Hier, 344 personnes sur toute la France en réa pour cause de Covid. La majorité des cas sont asymptomatiques.

    L’individualisme, je le vois aussi chez les gens qui ont des pathologies, qui ont des proches dans les maisons de long séjour.

    • Sur le Puy-du-Fou on est d’accord sur le fait que c’est une grosse connerie, accordée par Macron à de Villiers pour lui faire plaisir. Dans ce cas là le copinage et le pognon passent avant la santé des gens.
      En entreprise ça devrait être obligatoire. Ça l’est dans la mienne (mais entreprise recevant du public, donc guère le choix). Quand c’est possible le télétravail reste une bien meilleure alternative.
      Sur les cas, l’incidence et tout ça, je suis dans une région où le nombre de tests a augmenté (enfin) mais le nombre de cas pour 100 tests aussi. Il y’a donc une progression qui touche pour l’instant la tranche 20-40 ans, qui en effet développent souvent des formes asymptomatiques ou légères du COVID. Par contre, ils deviennent porteurs contagieux et risquent à leur retour de vacances de contaminer leurs aînés. Et c’est la tout le problème de la non-responsabilité collective – a commencer par les élus.
      Ce que Governatori pense, il a le droit de le penser. Ce que l’élu dit engage la responsabilité collective. C’est en ça qu’il engage sa responsabilité. Il a raison sur les faits, mais un élu a le devoir d’inciter les citoyens à se protéger de manière collective.

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