Depuis un an, les fondements même de notre vie sont remis en cause par la pandémie. On commence à en mesurer les conséquences sanitaires, mais l’ampleur de son impact sur notre économie et nos modes de vie reste encore à découvrir. Ce que l’on sait, c’est qu’on devra faire face à notre plus grand défi depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale.
Mesurettes
En l’état, la France ne s’en sort pas trop mal. Les mesures de protection mises en place par l’Etat permettent à peu près aux entreprises de tenir … du moins tant que les robinets sont ouverts. On ne sait pas encore ce qu’il adviendra quand l’argent magique s’arrêtera de couler.
De plus, ces aides sont octroyées le plus souvent sous forme de prêts … qu’il faudra bien rembourser un de ces jours. Des milliers et des milliers d’entrepreneurs devront ainsi travailler pour rembourser, amenuisant ainsi considérablement leur capacité à investir pour se développer, (re)créer des emplois. Par ailleurs on sait qu’un bon nombre d’entre eux seront dans l’incapacité de rembourser leur dette, se retrouvant ainsi ruinés, sans activité. Combien parmi eux viendront grossir les cohortes de pauvres qui grossissent déjà.
Les dirigeants des institutions financières (BCE, Cour des Comptes…) restent figés sur leur dogme du remboursement de cette dette, obérant d’entrée de jeu la volonté des États à investir dans la relance de leur économie, une fois la crise passée. On peut déjà entendre les appels à la rigueur, à l’orthodoxie budgétaire qui a pourtant fait tant de mal par le passé à nos économies !
Mettre le paquet
Au sortir de la guerre, l’Europe était un champ de ruines. Infrastructures détruites, économie à l’arrêt, tout était par terre et il a fallu repartir de zéro. Quand bien même l’objectif des Américains étaient de bénéficier des efforts de reconstruction de l’Europe, ce plan d’investissement massif a permis à nos sociétés un rebond bien plus rapide que ce qu’on pouvait imaginer et a, au final, bénéficié a tous.
Le contexte n’est pas le même, l’Europe a aujourd’hui les moyens de s’auto-financer, et les capitaux existent (il suffit de voir les niveaux indécents de l’accroissement du patrimoine des plus riches pour s’en rendre compte). Bien évidemment, un tel plan devra tenir compte des contraintes environnementales, sanitaires, et surtout s’assurer de respecter la justice sociale : les mesures prises devront être bénéfiques pour tous les acteurs de la chaîne.
On sait aujourd’hui que le ruissellement, présenté par les libéraux comme la solution, est une chimère. Ça fait 30 ans qu’on nous sert à toutes les sauces des politiques d’aides aux entreprises qui finissent dans la poche des actionnaires, et qui ne font en rien progresser l’économie, et encore moins reculer le fléau de la pauvreté.
T’as bien quelques idées ?
Comme tout un chacun, j’ai un avis (après tout, je suis français non ?). Aussi, sans être un expert, et précisant que tout peut être débattu, voici quelques points permettant d’amorcer la réflexion.
- Investir massivement dans l’économie verte : nous devons développer et diffuser les technologies de demain, pour produire de l’énergie propre, en limiter les gaspillages et soulager la pression sur notre eco-système
- Réindustrialiser notre continent : l’usine du monde se trouve à des milliers de kilomètres de nous. Nous devons être en mesure de produire ce que nous consommons, nous en avons les savoirs-faire, les capacités. En revenant sur les dogmes de la mondialisation, en protégeant nos industries aux frontières pour qu’elles restent compétitives sur leurs marchés, nous serons capables de refaire de l’industrie européenne une industrie forte : le protectionnisme n’est pas un gros mot pour les grandes puissances américaines et chinoises, pourquoi le serait-il pour les Européens ?
- Créer une Union Européenne fiscale ET sociale : L’union monétaire est un atout, mais a ses limites. Une union fiscale et sociale mettrait un terme à la concurrence entre les États européens et mettrait fin au dumping, poussant ainsi les grands groupes à rechercher le profit par la production plutôt que par l’optimisation financière. Elle permettrait aussi d’imposer des règles de protection sociale communes, pour tous les salariés européens.
- Définanciariser l’économie : les règles économiques d’aujourd’hui répondent aux impératifs des bourses et place des marchés. Il est indispensable de décorréler les deux, afin de remettre l’économie financière à sa juste place : celle de financer l’économie réelle.
Bien sûr, tous ces thèmes demandent à être creusés, débattus, explorés … et expliqués. Il s’agit de changer de dimension, de revoir fondamentalement les règles qui prévalaient avant la crise … mais c’est toujours plus intéressant que le macramé non ?
Je propose à mes amis socialistes (mais oui, j’en ai !) ce nouveau slogan : « Le P.S. m’a cramé ! »