À la suite d’une présidentielle ou la gauche s’est retrouvée encore une fois défaite, les leaders des partis semblent enfin avoir compris que sans union, il n’y aurait point de salut. La logique électorale veut que LFI mène la danse, son candidat ayant réuni le plus de suffrages lors du premier tour.
Clés de répartition
Pour bien comprendre ce qui se joue, rappelons d’abord les résultats de la gauche à la présidentielle, et avec une bête règle de 3, la répartition en circonscriptions que ça pourrait donner :
- Mélenchon (Union Populaire) : 21,95% soit 414 circonscriptions
- Jadot (EELV) : 4,63 % soit 87 circonscriptions
- Roussel (PCF) : 2,28 % soit 43 circonscriptions
- Hidalgo (PS) : 1,75 % soit 33 circonscriptions
À la grande époque du Parti socialiste, c’est probablement cette répartition qui aurait été appliquée par les caciques, ceux-ci arguant de leur hégémonie sur le reste de la gauche. Seulement, aujourd’hui, ils se retrouvent en situation minoritaire, et pour certains la pilule est dure à avaler. Au vu des accords signés avec EELV et le PCF, il semble même que les négociateurs sont assez pragmatiques et en capacité de garantir à chaque composante de l’union l’existence d’un groupe autonome.
Demandez le programme
LFI, à juste titre, base les négociations sur son programme, qui a visiblement séduit la grande majorité des électeurs lors du scrutin précédent (voir les chiffres ci-dessus). Il y a bien évidemment des désaccords avec les autres formations, mais les discussion ont semble-t-il abouti avec EELV et le PCF, y compris sur des points de programme qui pouvaient sembler insurmontables (Europe, nucléaire …).
Il y avait aussi des désaccords du temps de la gauche plurielle de Lionel Jospin, et même du temps de la Mitterrandie. Et ces désaccords pouvaient parfois faire l’objet d’âpres débats, aboutissant sur des compromis acceptables pour tous… C’est un peu le principe de base d’une union, tant espérée par les militant·e·s et semble-t-il les électrices et électeurs. On a donc des négociations, un projet prêt à évoluer, des possibilités réelles de large rassemblement, un espoir de voir à nouveau la gauche rassemblée peser sur la bonne marche du pays … Et il paraît même que la Macronie en serait effrayée (ce qui n’est pas pour me déplaire).
Derniers barrissements
Seulement, cette situation semble déplaire à certain·e·s, en particulier parmi les tenants d’une social-démocratie qui a largement perdu de sa superbe depuis 10 ans dans notre pays. On entend beaucoup certains se plaindre de la « dissolution » du PS. Ils ont « oublié » l’échec de 2017, la mise hors-course de François Hollande, la main-mise de Macron sur un électorat de centre-gauche, et la désaffection militante que traverse la parti depuis 5 ans.
De plus, on ne les a pas beaucoup entendus proposer leur aide pour la reconstruction du parti depuis 2017. Le Foll a passé 5 ans à critiquer, après avoir lâché ses responsabilités internes pour se consacrer à sa mairie du Mans, nombre d’anciens ministres de Hollande ont rejoint la majorité présidentielle (en passant par la porte ou par les fenêtres), d’autres enfin ont disparu de la circulation et refont sporadiquement leur apparition sans apporter de nouvelles idées.
Et pout tout vous dire, ils me gonflent un peu. Le PS est loin d’être parfait, il reste nombre de problèmes internes à régler, et il doit retrouver une identité propre. Mais il existe encore, et je suis convaincu qu’il continuera à exister au sein d’une union large de la gauche et des écologistes, défendant ses spécificités au sein d’une coalition forte et capable de peser sur la prochaine législature.
En tous les cas c’est une perspective bien plus enthousiasmante que 5 ans de libéralisme débridé, de creusement des inégalités, de mépris des classes populaires et de duel entre Macron et l’extrême-droite. Ça ne sera probablement pas une union parfaite, mais ne pas s’unir serait une erreur historique… et des conneries, on en a déjà fait bien assez !!!