Vous vous rappelez ? On a parlé d’eux en long, en large et en travers au printemps dernier. Ils étaient les « héros du confinement ». Applaudis tous les soirs à 20 h, mis en exergue par le Gouvernement qui promettait que ça y est, promis, on allait prendre soin d’eux et que leur vie allait changer …
En fait pas vraiment
En l’état il ne s’est pas passé grand chose. Certaines entreprises ont distribué une prime à ceux qui restaient à leur poste (et encore fallait pas tomber malade), on a organisé un Ségur de la Santé dont les résultats sur le terrain sont loin d’être tangibles, et nos chers clients sont revenus à leurs bonnes habitudes.
Pour eux c’est toujours la merde. Le boulot est toujours là, toujours aussi dur, les plans sociaux aussi et les salaires n’ont pas vraiment bougé. Bref, il faut continuer à avancer comme si rien n’avait changé.
Pourtant, les choses ont changé : la pandémie a imposé le respect des gestes barrière, et une vigilance de tous les instants : est-ce que mon masque est bien ajusté, depuis combien de temps je ne me suis pas lavé les mains, ma collègue vient de tousser j’espère que c’est pas le COVID … difficile de garder sa concentration et sa vigilance en alerte maximale à tous moments. C’en est même clairement épuisant.
Qui s’en soucie ?
Pour tout vous dire, plus grand monde. Le Gouvernement a semble-t-il d’autres chats à fouetter. Faut dire qu’ils sont nombreux à se plaindre de la situation : hôteliers, restaurateurs se rapprochent chaque jour de la faillite, le secteur culturel est dévasté par les longs mois de fermeture … finalement de quoi se plaint-on ? On a du travail et un salaire qui rentre…
Sauf qu’on ne va pas maintenir l’économie à flots à nous tous seuls. Déjà, on est habitué à tirer la langue tous les mois, donc, aller dépenser des sous qu’on n’a pas pour soutenir tel ou tel secteur, ça va pas être franchement possible.
Les partis aussi ont oublié l’existence des premiers de corvée. Bizarrement, ils sont assez peu nombreux et assez peu présents pour réclamer de meilleures conditions de travail, des salaires plus en rapport avec l’utilité réelle de ces emplois … et je dois reconnaître que le PS, mon propre parti, a fait fort. 1 h de live, 12 propositions… et rien sur les bas salaires. À part limiter les écarts entre les PD-G et leurs salariés (mesure aisément contournable en jouant sur les boni et parts variables), ils ont carrément oublié cette frange de la population qui trime.
Épuisement
J’avoue, après quasiment un an de travail avec cette chape de plomb, une forme d’épuisement se fait sentir. Beaucoup de mes collègues témoignent de leur fatigue, de leur inquiétude aussi. Les incertitudes, l’absence de perspective, le seul objectif de tenir le cap sans même savoir ni jusqu’à quand, ni dans quel but, ça finit par peser dans les têtes et sur les organismes.
Pourtant, beaucoup dépend d’eux et de leur travail : les soins, l’alimentation, la propreté et l’hygiène… bref les conditions d’un certain confort pour la majeure partie de nos concitoyen-nes se maintiennent grâce au travail de ces « invisibles » qui ne demandent qu’à être mieux considérés.
Au fait, nous aussi on vote en 2022…