Alors que l’épidémie progresse malgré les mesures de “confinement-déconfiné“, que les hôpitaux commencent à ne plus savoir quoi faire des malades qui arrivent en nombre, que les écoles commencent à fermer d’elles-mêmes face à la masse d’enfants et de personnels malades, le Président a choisi … de ne rien faire pour le moment.
“Vivre avec le virus“
L’an dernier, à la même époque, nous étions en guerre. Les soldats de la première ligne luttaient (avec des moyens parfois dérisoires) face au virus, la deuxième ligne assurait la logistique et le ravitaillement, et la population civile avait ordre de se mettre à l’abri, chez elle et de limiter ses sorties au strict nécessaire. Comme toute guerre, celle-ci a été dure, éprouvante pour toutes et tous, mais après 2 mois, l’épidémie était maitrisée et un semblant de vie normale se dessinait pour les mois à venir.
Depuis l’automne, la stratégie a quelque peu changé. Les mesures prises ont toutes été plus légères, moins contraignantes pour la population et pour l’économie. Le corollaire est que nous n’avons jamais vraiment repris la main face au virus. La propagation se faisait, à un rythme intense, mais toutefois soutenable par les services hospitaliers. Par contre, entre le début de cette période et maintenant, le nombre de décès dûs au COVID est passé, insidieusement, de 30 000 à 90 000.
Depuis le début de 2021, nous devons affronter le variant anglais, plus contagieux et – hélas- plus létal aussi. Il a quasiment remplacé la souche d’origine en l’espace de quelques mois, et est désormais largement répandu, rendant une nouvelle fois l’épidémie hors de contrôle.
La santé, une variable comme une autre
À ce stade, n’importe quel responsable politique sonnerait l’alerte générale et prendrait des mesures fortes pour protéger sa population. Les scientifiques alertent depuis fin janvier sur les dangers de cette nouvelle épidémie, plus virulente et plus dangereuse, mais le Président-épidémiologiste ne semble plus les entendre – à tel point que ceux-ci l’ont brillamment envoyé bouler sur le sujet de l’organisation du scrutin de juin. Le Ministre de l’Education Nationale vit dans sa fable des écoles “protégées du virus“, et le monde économique ne souhaite plus faire les efforts nécessaires pour protéger la population.
Pourtant, il y a urgence. Les réanimations sont quasiment saturées, et nous ne sommes clairement pas prêts à encaisser le tsunami de malades qui s’annonce. Les vaccins, annoncés à grand renfort de com’, d’objectifs régulièrement revus à la baisse, ne sont toujours pas disponibles pour protéger l’ensemble de la population. Les oppositions, dans un bel ensemble, réclament des mesures plus fortes, plus dures, pour protéger une population résignée et suspendue à la volonté divine présidentielle.
Celui-ci a prévu de s’exprimer demain, ou la semaine prochaine, ou dans quinze jours… on ne sait pas encore ce qu’il va nous arriver. Le pari de vivre avec le virus n’a clairement pas marché. Jupiter va-t-il encore nous dire que ce n’est pas un échec ? Toujours est-il que les morts, les familles meurtries, les malades qui garderont des séquelles longues et douloureuses, sauront s’en souvenir quand viendra le temps de rendre des comptes.