L’actualité de ces derniers jours est des plus inquiétantes. Tellement que j’ai par moments l’impression d’assister, impuissant, à la fin de la civilisation initiée par les Lumières
Afghanistan : le fiasco de l’Occident
Je suis pas expert en géopolitique, mais la reprise en main du pays par les Talibans, après 20 ans de présence des troupes américaines dans le pays, a tout du fiasco monumental. 20 ans, c’est le temps nécessaire pour faire germer l’idée de démocratie à l’ensemble d’une génération, et visiblement ça a raté.
La présence militaire américaine s’est accompagnée de gouvernements successifs qui ont privilégié leurs propres interêts à ceux du peuple. Rien ou trop peu n’a été entrepris pour le développement économique (si ce n’est la reprise, sinon encouragée, mais du moins tolérée, de la culture et du trafic de l’opium), et la classe politique afghane a mis en place un système de corruption généralisée, au point que la population rurale a accueilli les Talibans comme des libérateurs.
Les Occidentaux, encore une fois, ont échoué à proposer autre chose qu’une présence militaire protégeant leurs interêts, sans tenir compte des besoins d’une population lassée par plus de 40 ans de conflits successifs et qui aspirait à vivre en paix. Le résultat est que les forces afghanes se sont rendues sans combattre, et que les nouveaux maîtres de Kaboul ont juste eu à se servir.
Haïti : la terre frappe encore
Un des pays les plus pauvres du monde a encore été frappé dans sa chair. Le séisme qui s’est produit, encore une fois, a enlevé des milliers de vies, et causé des dégâts toujours plus insurmontables pour une population elle aussi laissée à l’abandon. Le Président a été assassiné quelques semaines auparavant, créant encore un peu plus d’instabilité dans un pays qui n’en n’avait pas besoin.
Déjà en 2010, cette partie de l’île avait été ravagée par un séisme de même ampleur. La communauté internationale a bien sûr apporté une aide d’urgence… et après ? Rien ou trop peu n’a été fait pour reconstruire les écoles, les hôpitaux, les infrastructures et les maisons de celles et ceux qui perdent à chaque fois le peu qu’ils ont pour survivre.
Le résultat est à chaque fois le même : on s’émeut, on lâche quelques millions d’aides internationales et on passe à autre chose. Après tout, ce sont des descendants d’esclaves qui ont osé prendre leur liberté des mains de leurs maîtres deux siècles auparavant… alors qu’ils se débrouillent.
Le déni des hommes
Pendant ce temps, nos concitoyens s’écharpent sur le bien-fondé de la vaccination, remettent en doute la parole scientifique au profit de théories complotistes, relayées par des politicards en mal d’existence médiatique. Nous sommes désormais dans un monde où n’importe quelle connerie partagée sur les réseaux sociaux a valeur de vérité absolue, où, par détestation de l’autorité, ignorance, ou tout simplement influencé par leur entourage, certains refusent de se protéger d’une pandémie mondiale, mettant ainsi en cause l’équilibre de la société.
Où est passé l’esprit des Lumières, qui faisait la fierté de notre pays, éclaireur du monde ? Où est passé le simple bon sens collectif, mis à mal par les individualistes défendant leur liberté, mais oubliant toute notion de responsabilité ? On voit les résultats criminels de ces discours en Martinique et en Guadeloupe, où les soignants, épuisés, n’arrivent déjà plus à prendre en charge les trop nombreux malades, pour la plupart non-vaccinés. La vague se transforme en tsunami, et ce sur le territoire français.
Voilà ce que, en l’espace de quelques décennies, nous avons réussi à faire : dégradation de nos ressources naturelles et de notre climat, guerres incessantes sans rien faire pour ramener la paix, divisions profondes de nos sociétés, au point même de mettre en péril nos propres vies… Soyons fiers d’être des citoyens de l’Occident, si brillants, la civilisation la plus avancée au monde…
Pour Haïti, la page wiki jointe ne relate que la signature de l’acte d’indépendance mais en aucun cas l’immense responsabilité du Royaume de France dans les énormes difficultés du nouveau territoire que fut cette partie de l’ile au moment de la signature.
Les clauses prévoyaient un rachat par le nouveau territoire de sa liberté pour un montant de 150 millions de francs or de l’époque (soit pas loin de 20 milliards d’€ aujourd’hui) et qui ont été prélevés sur les droits de douane jusqu’en 1915.
De quoi laisser grande ouverte à tous les rapaces et rendre impossible tout investissement dans l’ile. Donc un maintien assuré la tête sous l’eau et également la poursuite d’un état guère différent de celui de l’esclavage.