Nice-Matin annonce ce soir que la Région PACA pourrait confier l’exploitation de la liaison Nice-Marseille à un concurrent de la SNCF. On pourra enfin engueuler un autre opérateur que le service public pour les retards, les trains supprimés et/ou bondés. Sauf qu’encore une fois, cette décision prouve que nos décideurs n’ont rien compris au vrai problème : les infrastructures ferroviaires sont obsolètes.
Une ligne chargée d’histoire
La liaison entre Marseille et Nice a été construite entre 1858 et 1864, et le tracé n’a guère été revu depuis. Ondulant entre les calanques, les massifs des Maures et de l’Estérel, les criques et autres plages, la ligne offre les paysages parmi les plus magnifiques.. et on a le temps de les admirer.
Alors que Nice et Marseille ne sont distantes que de 222 km par le rail – et 160 à vol d’oiseau -, le temps de trajet est de … 2h40, soit une moyenne de 83,25 km/h. Et ce quel que soit le type de train. Le temps de parcours est le même en TER, Intercités ou TGV. Depuis Marseille, en train, il faut donc autant de temps pour aller à Nice qu’à Paris. Alors forcément, les habitants de PACA privilégieront l’autoroute (et donc la bagnole et son CO2) pour rejoindre les 2 métropoles régionales.
Quand à la liaison Nice-Paris, c’est simple. Le moyen de transport privilégié est l’avion. Faut dire qu’entre 1h20 de vol contre 6h de train, il n’y a pas vraiment de concurrence. Au point qu’il existe une navette avec un décollage toutes les demi-heures. À Nice, c’est pas demain qu’on va soigner notre addiction au transport aérien.
En prime, il n’y a qu’une seule ligne, qui accueille à la fois les TGV, les TER pour les liaisons locales, les Intercités et quelques trains internationaux. D’ailleurs là-dessus on est pas très bons non plus. Il n’existe quasiment pas de liaisons directes entre Nice et les grandes métropoles italiennes, comme si l’idéal européen n’était pas encore arrivé chez nous. Le plus souvent, le train s’arrête à Vintimille, où les locaux achètent alcool et cigarettes à pas cher et rentrent en France.
Et pour l’avenir ?
Pour l’avenir on ne sait pas trop. Depuis que je suis gamin, j’entends parler vaguement d’un projet de LGV PACA, dont beaucoup ne veulent pas. Il semble qu’après des années à avoir traîné dans les ministères, les bureaux d’études, et autres commissions nationales ou locales, le projet soit définitivement abandonné. La haute vitesse arrive chez nous avec la lenteur d’un escargot.
Toujours est-il qu’il existe un plan de rénovation, avec création de certains nouveaux tronçons… projet pompeusement titré Ligne nouvelle Provence Côté d’Azur, dont l’objectif final est de diminuer d’à peu près une heure le temps de parcours… à l’horizon 2035. Les premiers travaux commencent à peine, constituant à la rénovation de certaines gares et de nouveaux plans de voies pour diminuer les points de friction. Pour ce qui est des nouveaux tronçons, là ou les gains seront les plus importants, il nous faudra encore être très patients.
Il aurait été préférable de créer une ligne entièrement nouvelle, plus directe, dédiée aux liaisons longues distances, dédiant ainsi la ligne historique aux usages de proximité. On aurait pu profiter des travaux pour relier aussi certains territoires isolés (après tout, mettre 2 ou 4 voies, c’est pas beaucoup plus cher), permettant ainsi de créer des liaisons entre des territoires qui ne voient aujourd’hui pas passer le train avec les métropoles qu’il est censé relier.
Mais, à court terme, il est probablement plus rentable pour l’exécutif régional de rejeter la faute sur un service public qui fait ce qu’il peut avec ce qu’on lui donne. Gageons que l’opérateur privé ne fera pas beaucoup mieux … parce que c’est pour le moment mission impossible !