Hier soir, le Premier Ministre annonçait une prime exceptionnelle de 100 € versée automatiquement à tou·te·s les Français·e·s qui gagnent moins de 2000€ par mois. Face à l’inflation des prix (et de l’énergie en particulier), il fallait une mesure forte pour contenir la grogne sociale à quelques semaines des élections.
Je vais être honnête : je prends
Ceux qui me connaissent vont dire que c’est dégueulasse que je touche une prime pour compenser la hausse de l’essence, dès lors que je me déplace en transports en commun. Certes, mais l’essence est très loin d’être le seul produit qui augmente. Electricité, gaz, denrées alimentaires de base subissent une hausse des prix peu vue ces dernières années – contrairement aux salaires.
Ayant le privilège de vivre dans un logement mal isolé (et pour lequel le propriétaire se refuse à faire des travaux), j’ai une facture d’électricité astronomique pour un célibataire. Je subis donc les hausses de prix du KwH, comme la majorité de mes concitoyens, mais je ne me vois pas ne pas allumer les radiateurs, même de façon parcimonieuse, et me les geler tout l’hiver.
De même pour l’alimentation : les pâtes, aliment connu pour être accessible même par les plus pauvres, subissent une augmentation vertigineuse de leurs prix de vente. Il faut donc plus de blé pour se les procurer … à cause du manque de blé pour les produire. Et je n’ai pas spécialement l’intention de cesser de m’alimenter ces prochains mois.
Mais pourquoi ces hausses ?
Il y a énormément de facteurs économiques qui expliquent tout cela. Et bizarrement l’un d’entre eux est un virus : le COVID. La reprise économique en cours nécessite un surplus de consommation énergétique pour rattraper le retard. Donc forcément chacun essaie d’acheter l’énergie dont il a besoin, et comme pour tout marché, plus la demande est forte plus les prix grimpent. Et les blocs économiques se livrent une concurrence féroce pour savoir qui achètera le plus d’énergie, leur permettant ainsi de produire toujours plus.
Parallèlement, les transports maritimes sont engorgés, renchérissant ainsi le coût du container permettant der livrer les marchandises fabriquées à bas coût en Asie du Sud-Est et qui inondent habituellement les marchés occidentaux. Ça a forcément un impact négatif sur les prix de vente des produits, et ça se ressent sur les tickets de caisse.
Enfin, les événements climatiques récents (canicules, tempêtes, incendies géants), commencent à faire ressentir leurs effets sur l’agriculture : les récoltes sont de plus en plus mauvaises, raréfiant ainsi l’offre et faisant monter les prix. Jusqu’à maintenant, on nous parlait beaucoup des effets sur les vignes et des mauvaises récoltes pour le vin, fierté nationale. Mais de mauvaises récoltes pour les céréales, si elles viennent à se répéter trop souvent, auront des conséquences dramatiques pour des milliards d’habitant·e·s.
Mesure de court terme
Face à cette inflation, et au risque de retour des Gilets Jaunes, le Gouvernement a choisi une mesure de court terme. 100 balles par tête de pipe, c’est pas énorme, mais ça paiera toujours un mois d’électricité, ou quelques paquets de farfalles. Bizarrement cette mesure sera quasiment auto-financée, puisque la hausse des prix s’accompagne naturellement d’une hausse des taxes associées, et ne coûtera donc pas si cher que ça. Par contre, ça ne fait que différer le problème.
Rien n’est entrepris, ni pour lutter contre le réchauffement climatique et ses effets délétères, ni pour relancer des productions locales et ne plus dépendre des aléas des transports, et encore moins pour inciter (voire contraindre) les entreprises à augmenter leurs salarié·e·s, en particulier les moins bien payé·e·s. Et puis, à quelques mois d’une élection présidentielle, c’est toujours bien vu de distribuer les biftons – même si la ficelle est un peu grosse.
Alors les 100 balles, je les prends, mais je ne me laisse pas berner pour autant !