Le sens de la vie

Lundi matin, la Première Ministre a profité de la passation de pouvoirs avec son successeur à l’Hôtel du Châtelet pour livrer quelques pistes sur ce qui nous attend. Et y’a du boulot.

Plein emploi

Une de ses marottes est le plein emploi, en bref, du travail pour tous. Dit comme ça, ça semble être une jolie promesse. Ce qu’elle ne dit pas, par contre, c’est l’ampleur de la dégradation des conditions de travail, pour y arriver. Tout incite les chômeurs (ces criminels qui vivent aux crochets de la société), à accepter n’importe quel job dans n’importe quelles conditions.

D’abord en cassant le système de l’assurance-chômage : la dernière réforme, malgré les dénégations de la Ministre du Travail de l’époque, a été bâtie pour appauvrir les demandeurs d’emploi. Comme si ce n’était déjà pas assez difficile de se retrouver sans emploi, on continue à les culpabiliser, et à diminuer leurs ressources, pourtant nécessaires pour … la recherche d’emploi (c’est logique, si un chômeur ne peut pas payer son bus, il peut pas aller bosser).

De même pour le RSA : il sera bientôt conditionné à des heures d’activité (une sorte de travail au black étatisé), avec pour but officiel d’accompagner vers la réinsertion les plus précaires. Sauf que, pour cela, on les paye deux fois moins cher qu’au SMIC. Et accessoirement, ce temps consacré à l’interêt public à pas cher, c’est du temps perdu pour une recherche d’emploi !

Un job à n’importe quel prix

Toutes ces mesures ont pour objet de pousser les inactifs vers “la clé de la dignité“1, quel qu’en soit le prix. Allons-nous nous diriger vers un système à l’anglaise, avec les contrats 0 heures, ou à l’allemande, avec les minijobs, sous-payés et exercés dans des conditions souvent discutables… Le pire étant les Uber, Deliveroo et cie qui n’hésitent pas à dissimuler leurs petites mains sous le statut de micro-entrepreneur, faisant fi du lien de subordination pourtant évident qui découle de la nature même de ces plateformes.

Peut-on vraiment considérer que ces jobs sont à même de donner une quelconque dignité à celles et ceux qui les exercent, souvent contraints et forcés. Peut-on vraiment croire qu’on trouve une forme d’acomplissement en nettoyant un open-space, en livrant des sushis dans les appartements bourgeois de Paris ou de Nice, alors que le revenu qu’on en tire ne permet pas de vivre dignement ? Est-ce vraiment là le modèle de société vers lequel on se dirige, conduit par des technocrates richissimes qui n’ont jamais connu les affres de la faim, de la rue, ou ne serait-ce que du découvert culpabilisant de fin de mois ?

Le sens de la vie ?

Alors, Madame la Première Ministre, le travail, dans de telles conditions, ne donne pas un sens à la vie, comme vous le clamez haut et fort. Le travail, quand il est exercé au seul profit de l’actionnaire, qu’il ne rémunère pas celui qui l’accomplit, qui ne lui donne pas la considération qu’il mérite (rappelez-vous, un instant, des premiers de tranchée qui ont tenu la barque durant les confinements successifs), quand il dégrade la santé au point d’affecter l’espérance de vie de celui qui l’exerce, est une aliénation de l’être humain au seul profit de l’économie et de ceux qui en profitent.

Travailler, oui, mais pas à n’importe quel prix !

Le travail c’est bien une maladie, puisqu’il y a une médecine du travail.

Coluche

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