Out of time

Avec sa réforme des retraites, le Président a montré que sous son apparence de jeune premier, il était déjà vieux et complètement has-been. Non contents d’être hors-sol, c’est toute la Macronie qui agit désormais en étant désormais hors du temps.

Une réforme à rebours de l’Histoire

Cette réforme est non seulement injuste, mais elle va totalement à rebours de ce qu’il faudrait faire. Non pas que les Français·e·s ne veulent pas bosser (quoi que certain·e·s en disent), mais y’a de moins en moins de travail. Les progrès technologiques continuent (il n’y a qu’à voir la progression des IA en quelques mois), et avec eux, la charge de travail reposant sur les humains diminuent.

D’aucuns répondront : « oui mais les gens peuvent se reconvertir ». Sauf qu’une hôtesse de caisse ne deviendra probablement jamais programmeuse de caisses automatiques, un conseiller de banque reste incapable de gérer la maintenance d’un distributeur de billet, un OS de chez Renault ne deviendra pas plus ingénieur pour concevoir le robot qui le remplacera… et d’ailleurs tous ces machins ont pour but de remplacer les humains, pas de leur fournir un travail.

Reste les métiers essentiels, ceux du soin : ça fait longtemps qu’on sait qu’il manque des soignant·e·s, partout et à tous les niveaux. Seulement, comme on ne fait rien ou trop peu pour améliorer leurs conditions de travail, on n’arrive guère à en recruter… et en général, ils ne tiennent guère jusqu’à la retraite, leur corps lâche souvent bien avant.

Trop d’expérience, désolé

Et puis, on sait aussi que le taux d’emploi des seniors est assez faible en France. 56% des 55-64 ans ont un emploi, les autres sont soit au chômage, soit en incapacité de travailler. Ceux-là ont cotisé, souvent assez longtemps (ceux qui ne sont plus en capacité de bosser sont souvent des ouvriers ou des employés peu qualifiés, qui ont commencé jeunes et occupé des emplois pénibles) et ce que la collectivité ne leur verse pas au titre de la retraite, il faudra (et c’est le sens de la solidarité nationale) leur verser par le chômage ou la sécurité sociale. On ne fait donc que déporter le problème.

Le premier paradoxe est là : cette réforme, validée par le patronat (et pour cause ce n’est pas lui qui en paye le prix), ne remet pas en cause les obligations en terme d’embauche des travailleurs·ses les plus âgé·e·s. Ce ne sont pas les entreprises qui en supporteront les coûts (qu’ils soient financiers ou sociaux). D’ailleurs, ils ne supporteront pas plus les conséquences de la réforme des retraites, le banquier de l’Élysée ayant fait le choix de ne surtout pas augmenter les cotisations patronales sur les retraites…

Mise à jour nécessaire

Cette réforme montre à quel point nos gouvernants fonctionnent encore avec un « logiciel » complètement périmé : celui ou la sacro-sainte croissance et la productivité sont les valeurs cardinales de leur pensée. Ils n’ont toujours pas compris que ce modèle est complètement dépassé : nos ressources naturelles ont été essorées par 80 ans de croissance forcenée, et les salarié·e·s sont au bout du rouleau. Ils n’ont retiré aucune leçon des crises majeures qu’ils ont traversé : les gilets jaunes puis les conséquences sociales de la pandémie ont permis une prise de conscience de masse de ce que la majorité de la population ne veut plus.

Pire encore, notre Jupiter de pacotille agit comme s’il était le seul détenteur de la vérité : il est convaincu d’agir pour le bien de tous, sans même être capable d’écouter les propositions alternatives des corps intermédiaires, ni les protestations de la population. Il a – durablement- perdu la confiance des Français·e·s et sa fin de mandat risque de ressembler à un long calvaire, pour lui comme pour nous. Tout ça pour 10 milliards… qu’il aurait pu aisément demander aux entreprises, arrosées, elles, d’aides publiques.

2 réflexions au sujet de “Out of time”

  1. « il est convaincu d’agir pour le bien de tous » selon son logiciel libéral et banquier d’affaire. Ou plutôt, il dit agir pour le bien de tous et c’est faux. Il agit pour les marchés.

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