Les c… sur la table (d’opération)

Attention, ce billet est susceptible de heurter la sensibilité des plus fragiles, en particulier des hommes.

Cette semaine, je suis passé sur le billard pour une vasectomie. Pourquoi et comment j’en suis arrivé là, et pourquoi c’est loin d’être aussi terrible que ça en a l’air.

La contraception, c’est pas (que) pour les gonzesses !

Depuis 1967 et la loi Neuwirth, la contraception est enfin devenue acceptable dans notre société. Avant cela, on se fiait à la chance, à des méthodes empiriques (température, calendrier d’ovulation, onguents divers…). Et surtout, les bonnes mœurs catholiques ne cautionnaient guère que les femmes ne soient pas que des pondeuses.

Bref, depuis 50 ans, c’est plus ou moins accepté…mais à condition que les femmes prennent la chose en charge. Pensez donc, les hommes ne sont pas concernés, ce ne sont pas eux qui font les gosses (ni qui les élèvent pour certains), donc ce n’est pas vraiment leur problème.

Sauf que… la pilule c’est pas ce qu’il y’a de mieux pour la santé, le stérilet ça reste un corps étranger inséré dans un utérus, les implants c’est pas beaucoup mieux, et tout ça conduit à des dérèglements hormonaux chez ces dames, qui présentent des inconvénients (règles douloureuses ou abondantes, troubles de l’humeur, dérégulation du poids, baisse de libido etc.).

Pas touche à ma virilité

Pour la majorité des mecs, pas touche aux sacro-saintes balloches. C’est là que réside leur mojo, et symboliquement, un mec ça doit avoir des c…, des grosses mêmes, et si possible fonctionnelles. Puis c’est ce que c’est fragile (que celui qui n’a pas déjà hurlé de douleur en se prenant un coup dedans me jette la première pierre … et visez bien 😊), et donc il ne faut pas y toucher !

Et après tout, si Madame tombe enceinte, elle n’avait qu’à faire attention. C’est pas le problème du mec, puisque de toute façon ce n’est pas lui qui va accoucher, ni (le plus souvent) qui va s’occuper de l’enfant à naître. Et après tout, l’avortement est légal par chez nous, il suffit de le faire passer à la trappe et on n’en parle plus. Pas de quoi mutiler une virilité bien installée aux tréfonds du calbard, et toujours prête à sortir au cas où (que ce soit approprié ou non, d’ailleurs, n’est-ce pas Gérard, Patrick et tous les autres…)

Mais pourquoi t’as fait ça ?

Ben justement parce que la contraception c’est une affaire de couple. On a 46 ans tous les deux, on a deux mômes chacun et pas prêts à remettre le couvert, et on a surtout envie de profiter de notre vie en bonne santé, autant que possible.

Techniquement c’est une opération assez simple : le chirurgien pratique deux petites incisions, coupe et suture les canaux déférents (qui amène les spermatozoïdes vers la prostate) et referme le tout. Ça n’est pas douloureux, ça prend une matinée en ambulatoire, et les séquelles post-opératoires durent 2 à 3 jours. Au bout de 3 mois, on fait une analyse de sperme en labo pour s’assurer de la réussite du truc, et on en parle plus. Il n’y a aucune conséquence sur la virilité, aucune modification de quoi que ce soit, et ça ne présente aucun danger. Clairement, c’est la méthode de contraception qui a le moins de conséquences sur la santé des femmes comme des hommes, et ça permet enfin de mener une vie sexuelle (puisque là est le sujet) sans aucune contrainte.

Aux États-Unis, la pratique est massivement adoptée (pour une fois qu’ils font un truc bien autant le dire), et ce n’est pas pour autant que les mecs semblent moins virils (c’est sûr qu’un gros flingue ça aide). En France on est clairement en retard sur le sujet (c’était même illégal jusqu’en 2001), mais les mentalités évoluent doucement.

Et honnêtement, je ne me suis jamais senti aussi bien dans ma peau de mec que depuis que j’ai pris cette décision 😊.

6 réflexions au sujet de “Les c… sur la table (d’opération)”

      • Cela dit, quand j’étais encore « en âge », j’aurais sans problème fait la même chose que vous. (Sauf que je l’aurais fait AVANT d’avoir un premier enfant…)

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        • J’avais pas forcément été informé de toutes les implications de la parentalité. Sinon oui je l’aurais fait avant. Ce qui ne veux pas dire que je n’aime pas mes gosses, mais (comme beaucoup je pense) je n’avais pas mesuré le poids de la responsabilité. On est éduqués à se conformer à la famille modèle (2 gosses, un pavillon, un monospace et un labrador) et quand on s’aperçoit de la supercherie, il est souvent trop tard.

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