Et non, je ne vais pas vous parler du virus, tout simplement parce que je n’ai pas fait de formation accélérée en virologie, épidémiologie et autres sciences en -gie. Pour tout vous dire, mes connaissances en sciences nat’ (ma fille me dit que ça s’appelle SVT maintenant) se sont arrêtées aux cailloux, à la photosynthèse et bien sûr à la reproduction.

Un des aspects de mon métier est de gérer la tant redoutée chez nous “rupture de stock”, vous savez la fameuse planche ou broche vide, à laquelle est parfois accrochée un leaflet vous assurant que “nos équipes font tout pour réapprovisionner ce produit dans les meilleurs délais (merci de nous excuser pour la gêne occasionnée)”. Et en ce moment il faut reconnaître que je suis gâté.

Forcément, de nombreux produits vendus à bas prix dans les grands magasins sont “Made in China”. Et, comme les usines ont eu à prendre des pauses (pour cause d’ouvriers confinés), comme les magnifiques portes-containers se sont parfois retrouvés en quarantaine, comme ça coûte une blinde de tout faire venir par avion (puis l’air de rien ça pollue un brin aussi), il arrive un moment où les commandes ne rentrent plus ; et patatras, l’ampoule, la cartouche d’encre (ou même l’imprimante), ou le joli robot de cuisine nécessaire à votre nouvelle vie est en rupture.

“Et vous savez quand vous allez le recevoir?”

Ben non en fait, j’ai beau vous dire “on espère la semaine prochaine !” (puisque mon logiciel préféré a généré une commande qui doit théoriquement être livrée la semaine prochaine), j’en sais fichtrement rien. Parce que je ne sais pas plus que vous si l’usine a repris son activité, si le bateau a repris la mer, si mon fournisseur a été livré, et s’il n’a pas trouvé un arrangement avec un concurrent qui le rémunère mieux pour le servir en priorité. C’est compliqué une chaîne d’approvisionnements, il suffit que l’un des éléments se grippe (pardon!) et le flot des camions se tarit, le rayon se vide, et l’employé contrit s’excuse de ce désagrément. Et le client, désappointé, repart en maugréant que ce sont des incapables dans ce magasin, que j’aurais eu meilleur compte à aller à la concurrence (qui n’est d’ailleurs pas plus livrée que nous) et patati et patata.

La faute à Qui ?

Seulement, le client, ce qu’il ne réalise pas, c’est qu’il est un peu responsable de tout ça. C’est pas le seul loin de là, mais pour construire le pays ou la vie est moins chère, on est obligés de faire des concessions. Produire français on nous dit que ça coûte un pognon de dingue. Pensez-donc, des ouvriers qui ont été à l’école, qui sont soignés aux frais de la princesse, qui sont indemnisés s’ils perdent leur job, et qui peuvent même prétendre à une retraite, et qui en plus travaillent seulement 35h/semaine, c’est beaucoup plus cher que des ouvriers asiatiques payés 2€ de l’heure (et encore pas partout), travaillant 60h ou plus dans des conditions pas très salubres, et bénéficiant d’une protection sociale a minima (quand le patron est sympa il paye les obsèques si c’est un accident du travail). Et comme en prime il faut que les différents actionnaires se beurrent sur la bête sans donner l’impression au consommateur de se faire plumer, y’a bien un endroit ou il faut serrer les coûts.

Alors j’entends ça et là des politiques s’indigner aujourd’hui de notre dépendance à l’usine-Chine, et nous dire qu’il faut relocaliser. J’ai presque envie d’y croire. Mais il va falloir prévenir le consommateur qu’il va pouvoir enfin acheter Français (mais ça sera plus cher). Le problème c’est que le pouvoir d’achat du consommateur, il n’est pas non plus extensible à l’infini. En particulier quand tu est un premier de corvée.

Une autre solution serait que les actionnaires acceptent de voir leurs profits réduits … quoi j’ai dit une connerie ?

2 commentaires

  1. Ahah ! Excellent.
    Quand j’ai vu le titre de ton billet, j’ai cru que tu allais nous parler de ton masque « made in China ».
    Je suis focus sur le sujet car je viens de recevoir ceux (deux) distribué par ma mairie.
    Ils sont made un Madagascar.
    Ça m’a refroidie grave.

    • Tu as de la chance, ceux de la mairie de Nice ne sont même pas étiquetés (du moins ceux que j’ai reçu)
      Et je commence à en avoir ma dose de faire des lessives de masques d’ailleurs les premiers commencent à être au bout de leur vie. J’en ai recommandé j’attends la livraison.

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