Et la bise fût venue (et partie)

Image : Le Parisien

Depuis 7 mois, il est un geste qui est complètement prohibé, c’est la fameuse bise. Petit retour sur un aspect du « monde d’avant »

2, 3, 4 … c’est combien chez vous ?

La question qui faisait tant débat entre les régions (je mets volontairement de côté le fameux pain au chocolat vs chocolatine) est enfin clos par la force des choses. « C’est combien chez toi ? Chez moi c’est 4 ». Combien d’impairs commis dès la première rencontre, parce qu’il faut retenir pour chacun-e le nombre de bises kivabien. Et du coup de petites vexations (passagères le plus souvent) et une certaine gêne pour les plus timides d’entre nous !

Puis la bise elle était partout. Dans le milieu familial (c’est là qu’elle résiste encore le plus), au travail, dans les soirées (on se fait la bise ou bien ?). Bref, impossible d’y échapper.

La bise au travail

Au travail en particulier. Le tutoiement s’étant imposé depuis longtemps (ça fait moderne), la bise était devenue un marqueur de proximité. Et dans une boîte ou on est 600, avec des horaires décalés, des bises on en claquait du début à la fin de la journée, et à de plus en plus de monde : des jeunes, des moins jeunes, des filles, des gars …

Et bien évidemment, qui dit bises massives dit petits inconvénients qui vont avec : le collègue à l’hygiène douteuse, celle qui à le nez qui coule mais « t’inquiète, ça va, c’est des allergies! » et qui partage allègrement sa rhino, ou celui que t’aime moyen mais qui est persuadé d’être ton « pote » – et dans le Sud entre potes on se fait la bise (et oui les poils de barbe ça pique et c’est pas toujours hyper-agréable !), ou le gros relou qui aimerait bien te faire plus que la bise et qui le fait savoir (voire en laissant traîner ses mains là où il ne faut pas).

Puis en politique c’est un peu la même. Tu serres la main à tes adversaires et tu fais la bise aux camarades, parfois à ceux/celles qui te cassaient du sucre sur le dos avant même que tu rentres dans la salle… ou avec lesquel-le-s tu t’engueulais allègrement à la dernière réunion parce que vous n’étiez encore une fois pas sur la même ligne.

Au pays des confinés, les asociables sont rois (et reines)

Puis il y a les asociables. Ceux/celles qui n’aimaient pas ça avant et qui n’aiment pas plus ça maintenant. Et pour eux/elles c’est tout bénef’. Enfin tranquilles. Enfin plus obligés de faire la bise à la vieille grand-tante (d’ailleurs il est recommandé de ne plus aller la voir), où au/à la collègue qui s’est lâché-e sur l’aïoli à la cantine (ou au petit dej’ c’est selon).

Pour tous ceux/celles-là, c’est le moment du triomphe. Ils/Elles avaient raison : la bise c’est pas hygiénique, c’est pas agréable et c’est une perte de temps. Ça ne les a jamais empêchés d’avoir des ami-es, d’être apprécié-e-s, mais très vite ils étaient catalogués comme cas sociaux. Au moins là-dessus ils/elles ont gagné le droit de se fondre dans la masse : leur particularité est devenue la norme, et les voilà enfin remarqué-e-s pour ce qu’ils/elles sont, et pas rangé-e-s dans une case.

Pour le coup, il ne m’a fallu que quelques jours pour m’habituer … et j’avoue qu’au final elle ne me manque pas plus que ça, cette bise. On verra quand l’épidémie sera derrière nous (c’est pas pour demain on dirait), mais je pense que cette vilaine habitude est derrière nous pour un looong moment. Pour ma part elle deviendra probablement un privilège réservé aux gens que j’aurai choisi.

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