Je suis …

Image : Une de Charlie-Hebdo du 14 octobre 2020

Ce vendredi, un professeur a été lâchement assassiné par un terroriste islamiste, parce qu’il a illustré son cours sur la liberté d’expression avec une caricature de Charlie-Hebdo.

Émotion collective

Tous les dirigeants politiques du pays, de droite comme de gauche, y sont allés de leur hommage à cette victime de la folie des hommes, promettant que désormais, ils ne laisseront rien passer. Ce qu’ils disaient déjà après les attentats de janvier, puis de novembre 2015, celui de la Promenade des Anglais … et à peu près comme après chaque attentat commis sur notre territoire.

Et comme à chaque fois, une fois l’émotion collective passée, l’actualité passera à autre chose … jusqu’à la prochaine victime.

Réseaux sociaux

Il semble que la vidéo d’un parent d’élève, lié aux milieux islamistes, soit à l’origine du passage à l’acte du terroriste. Ce père a publiquement désigné le professeur comme un « voyou », qui devrait « être chassé de l’Education Nationale. » Encore une fois, les réseaux sociaux ont servi de plate-forme pour relayer les idées extrémistes de certains qui veulent imposer leurs valeurs rétrogrades à notre société.

Il est nécessaire et urgent que la France impose aux GAFAM des règles de modération stricte. Personne ne peut être ainsi jeté en pâture pour ses idées, ses convictions, parce que soi-disant il a « choqué ».

Liberté d’expression

Depuis la Révolution (ça commence à dater un peu), la France a érigé la liberté d’expression comme un emblème, et depuis 1905, la laïcité est érigée en principe de notre République. Concrètement ça veut dire quoi ?

D’abord que le fait religieux n’a strictement rien à faire dans les affaires publiques. Aucune loi ne peut être écrite en fonction de telle ou elle croyance, aucun agent public (qu’il soit élu, fonctionnaire, enseignant …) ne peut exercer au nom de sa religion… L’État agit partout, pout tous.

Ça signifie aussi la liberté de croire ou de ne pas croire. Chacun-e est libre d’avoir ses convictions, de pratiquer librement … tant qu’il/elle n’empiète pas sur la liberté des autres. Je suis scandalisé quand j’apprends que dans un hôpital, des hommes exigent que leur femme soit soignée par un médecin de sexe féminin. Y compris si la vie de celle-ci est en danger et qu’il n’y a qu’un seul médecin (homme) disponible… Un médecin est là pour soigner, sauver des vies, et rien d’autre.

Enfin ça signifie la liberté aussi de se moquer des religions. Depuis toujours nous avons pris cette liberté. Les curés, rabbins et autres représentants religieux ont toujours trouvés en face d’eux des bouffons, des troubadours, pour les railler et amuser à leur dépends. Il n’ya aucune raison que cela change.

Et nos enseignants sont libres d’enseigner la liberté d’expression à leurs élèves, pour que ceux-ci puisse la comprendre et l’utiliser librement. La plupart des gamins interrogés par les médias, outre la tristesse, ont témoigné sur la pertinence et la bienveillance de leur professeur, qui expliquait, sans prendre partie, le contexte des dessins qu’il avait choisi pour illustrer son cours.

Tolérance zéro ?

Beaucoup de nos responsables politiques disent aujourd’hui « nous ne tolérerons plus rien » … alors que certains (parfois les mêmes) se sont fait élire avec les voix des communautaristes au prix de certaines compromissions. Après tout un siège gagné vaut bien un petit effort.

Sauf que… à force de céder un petit peu par-ci, un petit peu par-là, on recule sur nos libertés. On laisse s’installer des positions un peu moins tolérantes, on grignote sur nos libertés … un siège d’élu vaut-il ce genre de compromissions ?

Disons-le clairement ! Non ! Jamais ! Et en aucun cas. Notre société est multi-culturelle, les religions peuvent y cohabiter, les unes avec les autres, dans le respect des libertés de chacun-e. C’est ainsi que la France fonctionne et c’est ainsi qu’elle doit continuer à fonctionner. Tou-te-s doivent se plier à ces règles, ce sont celles de la République des Lumières et celles que auxquelles je crois …

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