LA PEUR MÈNE À LA COLÈRE. LA COLÈRE MÈNE À LA HAINE. LA HAINE MÈNE À LA SOUFFRANCE.
Maître Yoda, La menace fantôme
Tels sont les sentiments qui m’animent en ce moment.
La peur
La peur. Elle est devenue omniprésente. Peur pour ma santé, peur d’attraper et de ramener ce maudit virus bien sûr.
Mais plus encore peur pour les autres. Pour celles et ceux que je connais (ou pas), qui ont été contaminés, qui en ont souffert et qui en souffrent encore. C’est ainsi, j’ai tendance à m’inquiéter pour les autres, parfois (souvent) plus que pour moi-même ! Cette peur devant l’incertitude de ne pas savoir quand ils vont guérir, se remettre, s’en sortir, je la ressens aussi. Et elle me mène à …
La colère,
Cette colère qui m’étreint face à tous ceux qui font preuve de tant de légèreté face à ce virus. Celles et ceux qui ne prennent pas leurs précautions, qui ne sont pas attentifs à leur environnement, les optimistes qui croient voir le bout du tunnel à la moindre info un tant soit peu positive, tous ces baltringues qui balancent des infos avant même qu’elles soient vérifiées, qui se disent « moi je ne crains rien, je suis jeune/sportif/plus malin que les autres » (rayez les mentions inutiles à défaut de rayer ces crétins de votre existence).
De la colère aussi quand je vois certains responsables politiques prendre enfin conscience des problèmes réels du pays. Notre système hospitalier va mal, très mal et nos grands dirigeants semblent découvrir qu’il y a une couille dans le potage. Notre économie souffre de ne plus savoir produire, et les manques révélés de cette désindustrialisation sont aujourd’hui criants.
La haine
C’est violent, la haine, ça ne me ressemble généralement pas. Mais parfois j’ai des « poussées ». Quand je vois nos gouvernants, nos élites, se focaliser sur des élections dont tout le monde se fout, parce que les égos politiques ressentent le besoin d’exister après deux mois d’enfermement, quand j’entends des éditorialistes, des responsables politiques ou des grands patrons se tripoter la nouille sur les plateaux TV en disant « les Français doivent travailler plus pour payer les dégâts » (c’est marrant d’ailleurs comme certains de ces parasites, qui gagnent souvent en 5 minutes d’intervention ce que je mets un mois à gagner sont toujours prompts à envoyer les autres au turbin).
La haine envers les pseudo-scientifiques qui nous disaient « ce n’est qu’une grippette », envers les labos qui rivalisent d’ingéniosité pour trouver le traitement miracle le plus cher possible (regardez les variations des actions des grandes compagnies pharmaceutiques c’est à vomir), des grands scientifiques persuadés d’avoir le traitement miracle, sans qu’aucune étude sérieuse ne le démontre.
La haine aussi. devant les mensonges, les approximations, les fausses promesses (masques, tests, etc.) qui ont mené nombre d’entre nous à travailler sans protections, qui ont conduit tant de malades en réanimation ou au cimetière. La haine envers celles et ceux qui ont démoli soigneusement tout ce qui était mis en place pour protéger les Français – parce que ça coûte cher et qu’il faut faire des économies.
La souffrance
La souffrance enfin, celle des familles qui ont perdu un des leurs (voire plusieurs), qui n’ont pas pu lui dire au-revoir dignement. La souffrance de vivre aujourd’hui dans un monde anxiogène, où plus personne ne se touche, ne s’embrasse, où le voisin, le collègue, l’ami est un danger potentiel. La souffrance d’être incapable d’imaginer ce que sera demain, de ne pas pouvoir se projeter dans l’avenir, parce que l’avenir désormais fait peur …