Il paraît que je suis une exception dans le milieu politique.
Non pas parce que je suis socialiste (j’en vois déjà certains se gausser au fond), mais parce que je suis un des trop rares à m’engager dans un monde qui n’est à priori pas fait pour moi.
Dans les partis, on rencontre surtout des cadres, des fonctionnaires territoriaux (ou d’Etat), des enseignants … mais les employés et les ouvriers se font trop rare. Et surtout on n’en parle jamais. Et alors un employé qui a des responsabilités au sein de son parti c’est encore plus rare.
Faut dire que ceux-ci sont en général des besogneux, ils font le travail pour lequel on les paye (souvent mal !), et rentrent dans leurs pénates une fois la journée (ou la nuit) terminée. Et puis, avec un petit salaire, les sorties, les échanges culturels, la lecture (ne serait-ce que de la presse) est souvent un luxe, une dépense qui paraît superflue voire impossible à caser dans un budget contraint. Pour l’info on se contente de BFM, on regardera le 13h de Pernaut quand on sera à la retraite (si elle arrive un jour).
Puis souvent, quand on est ouvrier ou employé, c’est qu’on a pas fait de longues études. Ma génération est largement bachelière, mais guère plus, celle d’avant s’est souvent arrêtée au CAP voir au BEPC (aujourd’hui on appelle ça le Brevet des Collèges). Donc forcément les grands enjeux du monde, on y capte pas grand chose.
Et les grands partis de gauche (accompagnés des grandes centrales syndicales) se sont peu à peu éloignés de ce public, défendant de nouvelles causes sociétales (mariage homosexuel, lutte contre le racisme …) mais qui au final concernent assez peu la majorité. Les “taiseux” se sont encore plus tus, ayant perdu l’impression d’exister auprès de ceux qui les défendaient naguère. Je ne dis pas que ces causes ne sont pas importantes, mais elles détournent parfois l’attention de l’essentiel.
Faudra pas jouer les étonnés si les gilets jaunes ressortent …
Alors certes, un semblant de réveil a eu lieu avec la crise du COVID-19, on s’est rappelé dans les états-majors que sans les “premiers de tranchées”, les soignants (qui sont les ouvriers du système de santé), les livreurs, les caissiers, les artisans de l’alimentaire, les employés logistiques, les ouvriers enfermés dans leurs usines, on aurait eu toutes les peines du monde à survivre à ces 2 mois de confinement. Mais, sitôt la crise passée, quelle assurance peut-on avoir que cette conscience de l’existence d’un monde “d’en bas” continuera ?
Chaque parti mène son programme d’auditions sur “le monde de demain”, interroge des intellectuels, des anciens ministres, des économistes … bref des sommités dans leur domaine. Mais lequel osera auditionner un ouvrier sur ce qu’il vit, les difficultés qu’il rencontre, dans le cadre de son travail, les difficultés à se loger, à se nourrir, à ne serait-ce qu’à envisager l’avenir, et écoutera les solutions (parfois simples mais pleines de bon sens) qu’il pourra proposer.
Les responsables politiques se demandent comment renouer le lien avec les Français…. peut-être qu’en faisant l’effort de les écouter avant d’avoir à entendre leur colère ça marchera !
Pas mieux !
Et les demandeurs et demandeuses d’emploi. Eux aussi, il faudrait entendre et écouter ce qu’ils/elles ont à dire.
Et les agriculteurs aussi. J’ai un copain qui vient de reprendre une exploitation à taille humaine en mode circuit court et vente directe (il y est depuis un peu plus de 6 mois).
Pendant le confinement, il ne comptait pas ses heures… Enfin si, à un moment, il a compté. Puis il a arrêté de compter tellement 1) Il avait du taf et 2) la boutique ne désemplissait pas.
Il est probable que Pernault soit mort avant ta retraite…
Ouais mais ils rediffuseront le Best-Of. C’est régulièrement les mêmes sujets …