Hier soir, le Premier Ministre annonçait quelques mesurettes pour faire face à a la vague pandémique qui s’abat sur nous en ce moment. Après une semaine à terroriser les Français, on se sent bien en peine de trouver cela suffisant.
Depuis un an, on a tous beaucoup appris sur cette épidémie, et sur les mesures pour l’endiguer de façon efficace. Il serait temps de passer vraiment à l’action, de façon rationnelle, efficace, et compréhensible par tous.
Je n’ai pas la prétention d’avoir la solution-miracle (qui l’aurait aujourd’hui). Mais j’ai pu depuis quasiment un an observer le quotidien des gens, et avec un peu de statistiques, on peut arriver à des mesures simples, compréhensibles et adaptées.
Régionalisation des mesures
La France compte 13 régions, chacune est touchée à des niveaux différents par cette épidémie.
On voit sur cette carte que les régions de l’Est sont plus impactées par l’épidémie que les régions de l’Ouest. Il est urgent de canaliser l’épidémie dans ces régions, mais les choix actuels induisent les mêmes restrictions pour tous. Forcément, Bretons, Aquitains et Languedociens risquent de ne pas accepter d’être punis parce que les choses se passent plus mal en Alsace, dans le Beaujolais ou sur la Côte d’Azur.
Les Français perçoivent ce qu’il se passe autour d’eux, leur environnement, se rendent bien compte qu’autour d’eux les cas augmentent, les décès aussi, et si elles sont adaptées, les mesures prises sont globalement respectées… mais comment voulez-vous qu’à Loudéac on accepte de se confiner alors qu’il y a très peu de malades ? C’est idiot, frustrant, et paralyse inutilement l’économie locale.
Une riposte régionalisée et adaptée permettrait de limiter les dégâts sur l’économie, la société et le moral des citoyen-ne-s, à condition que les mesures prises soient comprises par tous.
Les niveaux d’alerte, et les ripostes correspondantes
Depuis un an se succèdent règles incompréhensibles, changeantes (hier encore on apprenait que certains centres commerciaux fermeraient et d’autres pas, sous prétexte de la prédominance alimentaire de leur vaisseau amiral). Chaque semaine, les règles changent, les gens n’y comprennent plus rien.
Par rapport à l’an dernier et au premier confinement, on a beaucoup appris sur le virus, son comportement, on est en mesure de tester efficacement la population, on connaît le nombre de cas, et la gravité de ceux-ci. Utilisons ces données intelligemment. Par ailleurs, les multiples tests ont permis de savoir à peu près ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
Au vu de la difficile mise en place de la vaccination, on sait qu’on va probablement devoir vivre dans ce contexte pour encore quelques mois. Profitons-en pour adapter la réponse, graduellement et en fonction de l’intensité sur chaque territoire.
Ainsi, on peut envisager la création de niveaux de menace, et pour chaque niveau une riposte adaptée. La liste qui suit est un exemple de ce qui pourrait être fait :
- Niv 0 : pas de cas, pas de menace, pas de restrictions
- Niv 1 : Quelques cas, fin des rassemblements de masse dans les lieux publics, gestes barrière et distanciation sociale dans les commerces, bars, restaurants, cinémas …
- Niv 2 : Montée des cas : Fermeture des bars, restaurants, lieux culturels, jauges dans les centres commerciaux, restrictions de déplacement dans d’autres régions
- Niv 3 : Premières tensions sur les hospitalisations, positivité élevée, mesures de niveau 3 + couvre-feu à 20h
- Niv 4 : Tensions sur les hospitalisations et services de réanimation : couvre-feu à 18h, télétravail obligatoire partout où c’est possible, accueil réduit dans les établissements scolaires
- Niv 5 : Flambée épidémique maitrisée : Confinement light avec fermeture des commerces non-essentiels, restrictions strictes de déplacement, limite de sortie à 20km-3h.
- Niv 6 : épidémie hors de contrôle : confinement strict, fermeture des écoles, ouverture des seuls commerces essentiels.
On peut imaginer, afin d’éviter des reprises trop rapides, que les redescentes d’un niveau à l’autre se fassent sous condition de maintien des courbes descendantes sur 2 semaines. Ainsi, une région de niveau 5 aurait l’objectif de maintenir ses chiffres dans les critères de niveau 4 durant 15 jours consécutifs pour voir les mesures se distendre.
Bien évidemment, ces règles devront être expliquées, justifiées (en s’appuyant sur des données les plus fiables possibles), mais je reste persuadé que si c’était le cas, elle seraient parfaitement acceptées par les Français.
La vaccination
Enfin, la stratégie de vaccination actuelle semble déjà montrer ses limites. Au rythme actuel, je pourrais bénéficier éventuellement d’une vaccination entre mai 2022 et février 2023 … autant dire que c’est pas pour demain la veille.
Simulez ici votre date de vaccination
Certains nouveaux vaccins arrivent sur le marché, d’une efficacité moindre que les Pfizer et Moderna, en particulier chez les plus fragiles. Leur usage, ciblé intelligemment, pourrait permettre de réduire fortement la propagation de l’épidémie.
AstraZeneca a fait valider son vaccin par les autorités européennes, pour les adultes de 18 à 55 ans. Celui-ci pourrait être facilement utilisé pour vacciner les premiers de cordée, dont les métiers essentiels entraînent des contacts fréquents avec le public. Ces potentiels super-propagateurs, une fois vaccinés, casseraient ainsi les chaînes de transmission et réduiraient d’autant la propagation du virus. On réserverait ainsi les vaccins les plus efficaces aux plus fragiles, tout en cassant les chaînes de contamination dans la population générale.
Vous voyez, il n’y a rien d’extraordinairement compliqué dans ces propositions, et potentiellement ça peut marcher. C’est même tellement simple que je ne comprends pas que nos gouvernants, sortants quasiment tous de grandes écoles, ayant des années de pratiques politiques derrière eux, n’y aient pas pensé eux-mêmes. Si ces idées arrivent à leurs oreilles et qu’ils veulent s’en saisir, je serais ravi de leur en faire cadeau …
Pas mieux !