Tuons le suspense de suite, ce billet n’est pas un comparatif d’échelles, escabeaux et autres marchepieds. On parle ici de l’échelle des valeurs, et en particulier de celles qui régentent notre société.
En juin dernier est paru un petit bouquin, qui m’a profondément marqué. Il s’agit du Manifeste pour une Échelle humaine, co-écrit par une quarantaine de personnes, avec des parcours très divers, et qui exposent ici la nécessité de revenir à l’humain comme valeur de base de notre société (et accessoirement y’a ma copine Élodie dans la liste).
L’échec de “la fin de l’histoire“
Le postulat de départ est le suivant : à la suite de l’effondrement du bloc communiste, le système capitaliste avait triomphé du monde, des guerres et s’ouvrait alors une période de prospérité pour l’ensemble de la planète. C’était la “fin de l’Histoire“ telle que nous l’avions connue, avec ses guerres, ses affrontements idéologiques et le début d’une vie sans problèmes.
Sauf qu’il n’en a rien été : les intégristes religieux ont répandu leur haine sur toute la surface du globe, le libéralisme n’a fait prospérer que lui-même, au détriment de la planète et de l’immense majorité de ses habitant·es, et nos responsables politiques de tous bords ont laissé faire, au point de perdre toute crédibilité aux yeux des populations.
Clairement, la fin de l’Histoire a signé le début d’une période de troubles économiques , écologiques et idéologiques. Notre planète a perdu ses repères et il devient nécessaire de recréer à nouveau les liens, à tous les niveaux.
3 piliers
Pour les auteurs, la création d’un nouveau cercle vertueux ne pourra se faire qu’en s’articulant autour de 3 piliers, 3 axes forts qui guideront l’action publique :
- L’Écologie
- La République
- L’altruisme
L’écologie
Le constat est clair : notre planète souffre et l’activité humaine est la principale cause de cette souffrance. Nous le savions, ça se confirme, et plus personne désormais n’est à l’abri des conséquences du dérèglement climatique. Incendies-monstres, tempêtes, inondations, chaleurs extrêmes … les évènements climatiques se succèdent à une vitesse jamais connue jusqu’alors et chaque jour amène désormais son lot de victimes.
Chacun d’entre nous doit être concerné, à tous les niveaux : les entreprises doivent avoir pour objectif premier la réduction, voire la disparition complète de leurs émissions de carbone, les États doivent massivement investir dans les techniques et les emplois de la transition écologique, et désormais chaque citoyen·ne doit se questionner sur ses habitudes, ses comportements de déplacement, de consommation, afin de participer à un immense effort collectif pour endiguer les effets du réchauffement et donner un avenir plus serein à nos enfants.
La République
La République doit redevenir le ciment qui lie les citoyen·es entre eux/elles, et ce qui les relie à la Nation. La priorité doit être donnée à l’école, qui forme les futur·es citoyen·nes, et qui ne saura plus être qu’un institut de formation adapté aux réalités de l’économie de marché. Nos enfants doivent réapprendre le vivre-ensemble, le respect la culture du débat pour redevenir des citoyen·es à part entière. L’école publique doit redevenir le lieu des ouvertures, des possibles, et du décloisonnement.
Notre République ne doit plus être l’addition des interêts individuels, et le terreau des séparatismes de toutes origines. Le destin citoyen·nes ne saurait être déterminé par le genre, la religion, la couleur de peau ou la ville de naissance. Nous devons rétablir l’appartenance à la communauté républicaine avant toute autre chose.
L’État doit retrouver son rôle de pilier, qui fixe le cap et tient la barre, qui protège les citoyen·es et leur permet de s’épanouir pleinement, en ayant confiance en l’avenir.
L’altruisme
Enfin, l’altruisme doit redevenir le ciment du vivre-ensemble. Nous devons réapprendre à nous parler, à nous écouter, et à être solidaires les un·es des autres. Pour cela, il nous faut sortir de la logique de réussite individuelle pour prôner un modèle d’accomplissement collectif, il est nécessaire d élever les yeux de nos écrans pour retisser les liens avec nos familles, nos ami·es, nos voisin·es et nos collègues.
La République se doit d’être solidaire et protectrice, mais l’ensemble de la population peut et doit agir contre les souffrances. La pauvreté, les violences, les discriminations sont des fléaux devant lesquels personne ne devrait être indifférent. Comment peut-on accepter, dans le pays des Droits de l’Homme, que des familles entières aient faim, ne peuvent pas se soigner, ou que nos ainé·es finissent leur vie dans la solitude et le dénuement.
Enfin, le retour à une société plus altruiste sera le clou dans le cercueil du libéralisme actuel, qui prône comme seul exemple la réussite individuelle, même (et surtout) si elle se fait aux dépens des autres.
Un immense chantier
J’ai conscience que tout ceci peut sembler utopique à beaucoup, et que devant les divisions qui traversent nos sociétés le chantier puisse paraître immense. Il l’est, et ces changements demanderont au moins une génération avant de se réaliser. Mais nous n’avons plus le temps d’attendre, de nous lamenter sans réagir. Les extrémistes, les complotistes gagnent du terrain chaque jour. Et chaque jour perdu est un pas en plus vers des catastrophes encore plus grande. Nous ne serons pas la génération qui savait et qui n’aura rien fait.
Alors le chantier commence, maintenant.
Liens utiles
Le livre : https://www.leslibraires.fr/livre/18980845-manifeste-pour-une-echelle-humaine-collectif-bouquins
Le site web : https://pouruneechellehumaine.fr
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