J’ai toujours, aussi loin que je me souviennes, respecter les règles du jeu. Je travaille, je paye ce que je dois. Mais parfois, je doute que ça vaille la peine !
Sentiment d’impuissance
Depuis quelques semaines, je me sens coincé par ces fameuses règles. Obligé d’aller bosser, de patienter avant de rejoindre celle que j’aime, obligé de résister à l’envie de prendre mon baluchon et de tout laisser en plan.
Pour quel résultat ? Pour le moment le même que d’habitude. Je ne serai pas plus riche à la fin du mois, mon compte finira comme d’habitude à zéro. Et après 15 ans et quelque de labeur, mon employeur me saluera à peine. Pas d’indemnité, même pas droit à quelques mois de chômage, pas de seconde chance (alors que je cotise depuis tout ce temps). Je vais tout reconstruire, de zéro.
Une si longue attente
Et malgré tout, je dois finir. Finir le mois en bossant, faire mon stage de fin de formation, attendre de me libérer de ces obligations. Puis prendre mon solde de tout compte et enfin pouvoir partir vers un nouvel endroit, une nouvelle vie.
D’ailleurs c’est pareil pour le déménagement. Quand t’es pauvre, ben faut se débrouiller. Du coup je n’emmène quasiment rien de tout ce que j’ai acquis. Mes meubles, une grande partie de mes effets personnels vont rester derrière moi. Je n’ai juste pas les moyens de les emmener. Parce qu’un déménagement coûterait plus cher que la valeur totale de mes affaires, il est plus économique de les laisser.
Et pour la logistique il faut tout faire par soi-même. Je ne peux pas compter sur grand monde, encore moins envisager de payer quelqu’un. Donc on sera peu nombreux pour vider cet appart’. Et faute de mieux, beaucoup de choses partiront à la poubelle ou chez Emmaüs (au moins ça profitera à quelqu’un). Pour l’écologie, on repassera.
Sortie de prison
Par moment, je me demande à quoi ça a servi que je me fasse autant chier à bosser, à économiser, à faire gaffe. Certains ne se gênent pas pour mener la grande vie avec les poches vides, et ne sont pas plus inquiétés que ça. D’autres triment, sont discrets, ne sortent pas des clous. Et c’est parfois eux les plus tristes, les plus contraints… les plus prisonniers.
Alors cette prison, si vide, si isolée, je n’ai pas de regrets à la quitter. Et si ça ne tenait qu’à moi, je n’aurais même pas de mal à la quitter de suite, pour rejoindre les bras réconfortants de mon amoureuse, et m’endormir enfin apaisé…