Distanciation affective

Contrairement aux apparences, je suis un grand timide, et les règles de distanciation sociale n’arrangent rien…

Depuis 3 ans, je vis à nouveau seul. Et depuis 3 ans, ma vie sentimentale est à peu près aussi palpitante qu’un interrogatoire dans Derrick (et encore, il se passe parfois des trucs plus palpitants dans Derrick !). Je ne suis pas et n’ai jamais été un collectionneur, et je n’en ai pas plus envie d’ailleurs. Mais les normes sociales actuelles compliquent encore d’autant les choses.

#MeToo

Je ne remets pas en cause le mouvement #MeToo. Bien au contraire, il était plus que temps pour toutes ces femmes que leurs souffrances quotidiennes soient enfin mises au jour. Combien d’entre elles ont été harcelées, agressées, traumatisées par ces mecs imbus de leur pouvoir. Il est bien évidemment temps que ça s’arrête et que la relation s’assainisse.

Sauf que … où est le curseur ? A quel moment un homme peut-il draguer sans être lourd, jusqu’où peut-il aller sans devenir un harceleur… bref comment faire comprendre à une femme qu’elle nous plaît sans passer pour un de ces types qui ont envie de tirer une cartouche à tout prix? Et comment, à l’inverse, éviter de tomber dans la fameuse friendzone (une amie une fois m’a décrit comme « son pote gay mais qui n’est pas gay »)? ll y aurait moins de difficultés à doser un cocktail à base de nitroglycérine.

Pour des hommes qui n’ont pas forcément cette mentalité de séducteur à tout prix, la chose devient ardue. Et pour celui qui part déjà avec un déficit de confiance en lui, gravir l’Everest semble beaucoup plus simple par rapport à la montagne qui l’attend.

Distance sociale

La pandémie qui frappe encore un peu partout nous contraint à plus de vigilance, et au maintien des distances de sécurité. Du coup, glisser subtilement sa main dans celle de la personne qui nous plaît, pour lui faire passer le message, peut désormais être perçu comme une agression, voire une tentative d’empoisonnement au Covid. Et franchement, lui proposer de se désinfecter les mains au gel hydro-alcoolique avant… pour la spontaneité on repassera.

Et selon l’endroit, il ne faut pas oublier son masque. Donc le sourire, l’expression du visage reste dissimulée, invisible à l’autre. Bien sûr, impossible de partager un verre, une assiette ou toute autre chose impliquant un contact physique direct ou indirect. Keep your distance !!

Ben il te reste Tinder non ?

Pas vraiment en fait… les supermarchés c’est bien pour faire ses courses (et encore), mais dans ce cas je sais d’avance que je ne trouverai pas celle que je cherche. Je fonctionne à l’instinct, je ne me base pas uniquement sur des jolies photos retouchées, filtrées et sur 3 phrases bateau rédigées sur un clavier. J’ai besoin d’autre chose, un regard, un sourire, un échange… bref il faut que la connexion se fasse et que la petite ampoule dans ma tête s’éclaire. Et à part l’écran de mon samrtphone ça n’éclaire pas grand chose ces applis.

Le concept même m’horripile. Swiper à droite ou à gauche, payer pour être mis en avant, faire une sélection en l’espace de quelques secondes, zapper quelqu’un en se disant « non y’a mieux », c’est la marchandisation du rapport humain poussée à l’extrême. Je crois encore que l’amour ne s’achète pas… et j’espère que ça restera ainsi.

Et l’amour dans tout ça ?

Mon impression sur tout ça est que nous sommes en train de perdre la part d’aventure, de hasard , de chance parfois qui faisait le sel de la vie. Tout désormais, y compris les rapports humains, est encadré, cloisonné, régulé, normé. Normes sanitaires, normes sociales, attention à ne pas dépasser la limite !

Et, du coup, la spontanéité, le romantisme, l’imprévu ? On jette ?

Laisser un commentaire