Depuis quelques jours fleurissent sur mon mur Facebook des photos souriantes d’élus qui s’installent dans leurs fonctions. « Machin au conseil municipal, truc participe à la séance d’installation du Conseil Métropolitain »… on croirait voir une collection des albums de Martine.
C’est l’ultime avatar de la guerre des egos qui se ont affrontés lors de cette élection hors-normes
Le champion dans un fauteuil
Christian Estrosi a été triomphalement (15,79 % des inscrits quand même) réélu dans son fauteuil de Maire, et tout aussi confortablement dans celui de Président de la Métropole Nice Côte d’Azur. Son plus farouche adversaire (et ex-premier adjoint) Eric Ciotti s’étant retiré très tôt, il en a profité pour se rabibocher avec lui en offrant à une de ses fidèles une vice-présidence quelconque, c’est toujours gratifiant et de toute façon c’est la collectivité qui paye.
En face, la gauche et les écologistes se sont comptés, chacun campant sur ses positions, certains n’oubliant pas de changer opportunément de camp (un strapontin c’est toujours intéressant), tous étant convaincus d’être « meilleur que les autres ». Il faut dire aussi que 30 ans de bisbilles, de rancœurs et de petites mesquineries entre amis ont jeté une sacrée pierre dans le jardin de l’union. Ce que nombre d’élus, partout en France, ont été capables de faire, aucun à Nice n’y était prêt. Le résultat est désormais connu : une gauche laminée, une vague verte qu’on attend encore à Nice (n’est-ce-pas Brice), et des collectifs citoyens désireux de continuer la lutte … mais chacun de son côté.
Déjà se profilent les sénatoriales (ou disons-le clairement, LR se prépare pour le Grand Chelem), puis les départementales et les régionales. Pour le moment, pas l’once d’un rapprochement entre les uns et les autres, pas même le début d’un mec culpa, personne n’est responsable de la défaite… surtout pas les principaux responsables.
Et le projet ?
Le quoi ? Ah oui pardon. A force d’observer les bisbilles entre les uns et les autres, je finissais presque par oublier que les politiques s’engagent d’abord pour un projet au service de leurs administrés. D’ailleurs, y compris au sein de mon propre parti, j’entends plus souvent parler d’alliances, d’unions … mais je finis par ne plus savoir autour de quoi. On parle de listes, de positions, de nombres de mairies et/ou de sièges gagnés, mais pour les idées ça reste franchement flou.
Faut dire aussi que depuis longtemps, même les Présidents ne sont plus élus pour un projet mais pour une image. Sarkozy incarnait le « dur »,, Hollande le rejet du précédent, et Macron a essentiellement profité de la faiblesse de ses adversaires (faut dire qu’on a été servis). Donc on a largement eu le temps d’oublier que mener une politique, c’est avant tout des propositions, une ligne claire… bref présenter aux électeurs un projet de société, une manière de vivre-ensemble. Et à eux de choisir.
Au lieu de cela, on assiste régulièrement à l’émergence de nouvelles « incarnations ». C’est à celui ou celle (souvent des hommes d’ailleurs) qui incarnera le mieux le renouveau, la transition écologique, ou je ne sais quelle formule magique. Sauf que trop souvent, il suffit de passer derrière l’affiche pour constater que ce ne sont que des repackagings d’anciennes marottes qui n’ont pas fonctionné jusqu’alors.
Collectif citoyen ? Kezako
Les partis traditionnels souffrent d’une crise de confiance, une carence d’idées et de projets. Certains, s’inspirant de ce qui a fonctionné dans d’autres pays, se sont lancés corps et âmes dans les collectifs citoyens. Pour l’essentiel, il s’agit de s’affranchir des étiquettes partisanes et de rassembler les citoyens de bonne volonté autour d’un projet élaboré par et pour ces mêmes citoyens.
D’autres ont essayé de copier le concept, mais en rassemblant autour de leur petite personne. Aussi voit-on fleurir parfois des « collectifs » dédiés à la gloire et au service exclusif de leur champion. En général l’épreuve électorale leur porte vite un coup d’arrêt (sauf pour En Marche.. mais ça pourrait ne pas durer).
Et avec tout ça, certains feignent encore de s’étonner des records d’abstentions battus, scrutin après scrutin. Il est grand temps que les responsables politiques de tout bord se rappelle qu’ils ne sont d’abord que des êtres humains, qu’ils sont au service des citoyens (et pas l’inverse), et que chacun apprenne à se respecter et à se parler. Si nous ne nous faisons pas confiance à nous-mêmes, nous ne mériterons pas celles des citoyens.
Et personnellement, le melon, je ne l’apprécie que coupé en tranches et accompagné d’un jambon cru.