Pas le cœur à la fête

Ce mardi 14 juillet, c’est jour de Fête Nationale. Feux d’artifices, bals populaires, défilés militaires : quand j’étais gamin, tout cela avait quelque chose de joyeux, de rutilant (un peu bling-bling même) et était à même d’entretenir le sentiment d’appartenance à la Nation.

Horreur sur la Prom’

Il y a 4 ans, un dingue inspiré par l’obscurantisme fonçait en camion à travers la foule compacte venue assister au feu d’artifice sur la Prom’. Des hommes, des femmes, des enfants … indistinctement les roues écrasaient, le monstre de métal fauchait, sans distinction de sexe, d’origine, de couleur de peau ou de croyances tout ce qui était à sa portée. Tous ceux qui étaient présents ce soir-là, et tous les Niçois restent encore traumatisés par l’horreur indicible de cette soirée. Ce soir-là, Nice a perdu une partie de son innocence.

Elle s’en est relevée, mais chacune, chacun d’entre nous, se souvient de ce qu’il faisait ce soir-là, de la nuit difficile, de l’inquiétude pour ses proches : y étaient-ils, leur est-il arrivé quelque chose ? Le ballet incessant des ambulances, leurs lumières bleutées, ce sentiment de panique, d’impuissance … nul ne l’oubliera par ici.

Je n’oublierai pas non plus l’indécence des chaînes d’infos, filmant le désespoir des victimes, des proches qui ont perdu, qui un époux, qui un enfant ce soir-là, ni même celle des politiques locaux si prompts à créer la polémique alors même que des blessés n’étaient pas encore pris en charge par les secours … Cette soirée du 14-Juillet restera gravée à jamais dans la mémoire de Nice.

Les véritables héros

Il y a 4 mois (seulement), certains de nos concitoyens devenaient des héros : soignants, caissières et caissiers, ouviers et employés de l’agro-alimentaire, enseignants, policiers et gendarmes … tous ont unis leurs efforts pour permettre à nos concitoyens de « survivre » au confinement dans les meilleures conditions possibles. Les « premiers de tranchée », à qui vous rendiez hommage tous les soirs à 20h en applaudissant sur vos balcons, à vos fenêtres, quelle valeur ont-ils pour vous aujourd’hui ?

Pas grand chose on dirait … Le Ségur de la Santé, présenté par le Gouvernement comme un grand sommet de la rédemption des erreurs du passé, a finalement accouché d’une souris, et les autres sont retombés dans l’anonymat, voire le mépris. Il n’y a qu’à voir les regards noirs, et même les actes de violence commis sur celles et ceux qui demandent à leurs concitoyens de respecter les gestes barrières (un chauffeur de bus est mort pour ça), et la condition des héros d’hier est toujours aussi malmenée : ils sont et seront les premières victimes de la crise économique qui arrive – plans sociaux, licenciements, chômage leur seront prioritairement destinés.

Quand à une revalorisation de ces métiers essentiels, on verra plus tard (c’est-à-dire jamais). Il ne faut pas se leurrer, on n’ a jamais rien fait d’autre que notre boulot. Et puis, si on commençait à bien payer les gens, ils deviendraient plus riches et dévaloriserait les autres. En plus; si ces c… étaient mieux payés, ça ferait augmenter le prix du PQ et ça jamais !!!

Le plus grand des mépris est de voir avec quelle célérité certains ont « oublié » les gestes-barrières : les masques après lesquels tout le monde couraient, dénonçaient leurs manques … restent au fond de la poche ou du sac, les foules se rassemblent à nouveau, au mépris des règles de distanciation : bref, rien à foutre des autres. Pour ceux qui l’auraient oublié, ces précautions servent à vous protéger, mais aussi à protéger vos proches, votre famille, vos amis…

A l’heure ou les premiers signes d’une « deuxième vague » apparaissent un peu partout, ce 14-Juillet est l’occasion de rappeler le mot le plus important de notre devise : Fraternité. Alors, faites attention, protégez-vous, protégez vos frères, protégez-nous.

Sinon, la prochaine fois, démerdez-vous … je ne jouerai plus les « héros » pour des clopinettes et des inconscients.

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