Cette année 2020 aura été marquée par la révélation du Grand Complot Mondial l’épidémie de Covid-19. Et on peut dire qu’on a été servis niveau théories, expertises et révélations.
Le pitch
Le monde est dirigé par une poignée de grandes multinationales et de politiques à leur solde : le but est d’asservir totalement l’humanité. D’abord en confinant la moitié de la planète chez elle, quitte à ce que ça pèse sur l’économie et les emplois, puis en leur collant un masque sur le nez pour les empêcher de respirer, et enfin en leur inoculant un vaccin contenant une puce pour les contrôler à distance via la 5G, qui par chance se déploie à ce moment-là (et non ce n’est pas le scénario du nouveau film de Christopher Nolan).
Et bien évidemment, la vérité a percé … sur Facebook et Twitter grâce à la clairvoyance des internautes, blottis derrière leurs écrans.
Le sauveur
Le héros de cette histoire, le savant qui peut sauver le monde, c’est le Professeur Raoult. Comme tous les savants de films, il est un peu iconoclaste, avec ses cheveux longs, sa barbe mal taillée et son côté un brin mégalomane. Grâce à un médoc connu depuis des décennies, le méchant virus sera éradiqué (à condition de respecter la posologie).
Mais l’OMS, complice du Grand Ordre Mondial, a déclaré que ce médicament était dangereux et donc a interdit sa prescription, en attendant qu’on prouve sérieusement son innocuité et son efficacité face au virus … on attend encore et on en parle de moins en moins.
Les méchants
Les méchants, ce sont ceux qui nous ont dit que le masque était inutile, puis qui l’ont rendu obligatoire, qui ont confiné-déconfiné-reconfiné-redéconfiné à mesure des avancées ou des reculs de l’épidémie, qui ont aussi (de façon imparfaite certes) veillé à porter assistance à ceux qui en auraient besoin durant cette période.
À vue de nez, leur gestion de la crise ressemble plus à de la navigation à vue au milieu de l’Arctique, en sachant très bien qu’il y a des icebergs, et en essayant de les éviter… ça ne marche pas toujours hélas (n’est-ce-pas Jack ?). S’ils avaient vraiment voulu couler le navire, croyez-bien que ça serait déjà fait depuis longtemps. On peut juger qu’ils sont de très mauvais navigateurs (peu d’entre nous en doute), mais on ne peut pas dire qu’ils le fassent exprès … et je reste persuadé que d’autres à leur place n’auraient pas fait beaucoup mieux.
Et n’oublions pas les médias : le moindre canard local est accusé d’être à la solde des ennemis du peuple, relayant tantôt chiffres alarmants et lueurs d’espoirs pour sortir de cette crise, et manipuler les foules au gré des décisions du Grand Ordre machin-truc.
Les « victimes »
Les victimes, on les entend se lamenter sur Facebook, sur Twitter, persuadés de connaître la vérité et voulant la révéler à la face du monde. On a vu depuis le début de cette crise 60 millions d’experts en sciences en -gie (mettez ce que vous voulez ça marche). Ce sont d’ailleurs souvent les mêmes qui, lors de chaque Coupe du Monde, se muent en sélectionneurs de l’Équipe de France.
Et là, en ce moment c’est fête à tous les étages. Alors que leur discipline sur le port du masque est souvent mise en défaut (et alors qu’ils râlaient tous pour en avoir au printemps d’ailleurs), voilà que nos experts nous annoncent qu’ils ne veulent pas du vaccin parce que ça a été développé trop vite, qu’on ne connait pas les effets secondaires et qu’ils ne veulent pas servir de cobayes, et devenir des moutons du système.
La soumission existe déjà
À mon grand regret, ils le sont déjà : se lever pour aller bosser, gagner du fric pour son patron et en recevoir une petite partie sous forme de « salaire », n’est-ce déjà pas une forme de soumission ? Croyez-vous vraiment que les dirigeants politiques et économiques aient besoin de ce genre d’événement pour « contrôler » la population mondiale ? Ne croyez-vous pas, plutôt, que tout ce bazar n’est pas plutôt une sacrée épine dans le pied pour l’économie mondiale qui marchait relativement bien jusqu’à maintenant ?
Personne de sensé n’aurait souhaité cette catastrophe sanitaire, puisque c’en est une. Aucun dirigeant ne veut voir mourir une partie de sa population, privant ainsi l’économie de ce qui la fait tourner (oui un mort ça ne consomme pas grand chose). Aucun homme politique ne veut voir les hôpitaux remplis de malades en réa, sous oxygène, et devoir confiner ses concitoyens, mettant à mal toute vie économique et sociale.
Et pas besoin d’un vaccin inoculant la 5G pour « contrôler les masses ». Il suffit de demander à Google, Facebook et Cie pour savoir où vous étiez, quand et avec qui. Le traçage des données existe via les smartphones et les quantités de données qui y transitent, avec le libre consentement de l’utilisateur (oui, en cochant la case d’acceptation des Conditions Générales, vous acceptez ce genre de choses … et c’est écrit noir sur blanc).
Le choix
Le choix, il existe. Dans la plupart des grandes démocraties, il s’appelle le bulletin de vote. Alors certes, notre classe politique fait un peu peine à voir en ce moment … mais elle ne fait que nourrir les impatiences des électeurs, abreuvés par les chaîne d’infos et les réseaux sociaux.
Mais très souvent, il suffit de s’intéresser à autre chose que ce qui est servi tout chaud, il suffit de lire les programmes, les propositions, de comparer, de s’interroger sur ce qui est bon ou pas pour vous, et pour ceux qui vous entourent. De faire un choix, quel qu’il soit, mais de le faire pour de bonnes raisons.
Et accessoirement d’arrêter de croire bêtement à la première connerie qui vous tombe sous les yeux, parce que c’est Tata Jeanine qui l’a partagé …
Et malgré tout Joyeuse Fêtes.