Tout va bien

Vendredi 13h : elle se tord de douleur. Comme prévu, on dépose la grande à la gare, elle doit repartir pour ses études. Monsieur prend la décision de la ramener aux urgences. Elle a mal, elle vomit, et ça dure depuis trop longtemps. Elle est déjà venue hier, mais les médecins sont débordés et elle a préféré repartir. Mais là c’est juste une souffrance insoutenable et insupportable.

Vendredi 13h : l’infirmière prend sa garde aux urgences…  « elle est revenue celle-ci, pourtant elle est partie cette nuit sans attendre le médecin. Ça avait l’air d’aller pourtant, mais visiblement ça ne va plus ». Elle prend sa chaise, l’amène dans le service. Le doc passe une tête et dit « morphine ». La patiente va un peu mieux, mais ça reste inquiétant.

Vendredi 14h : monsieur patiente, il se lève, fait des allers-retours, vapote dehors et revient. Il a l’air épuisé, inquiet. Il attend des nouvelles, des infos. La gentille dame de l’accueil lui a proposé de rentrer chez lui, mais il n’a pas encore son permis, il est en conduite supervisée et la maison est à 30 kilomètres. De toute façon, ce qu’il voudrait, c’est être avec sa compagne, la rassurer, et la soutenir du mieux qu’il peut.

Vendredi 15h : scène habituelle, une dame patiente avec ses deux enfants. Son compagnon agit bizarrement, il est examiné. Sans lui, elle est sans ressources et ne peut pas se déplacer, elle n’a même rien à donner à manger aux enfants. Le brancardier ramène un plateau-repas pour les petits, ils se régalent et retournent à leurs jeux.

Vendredi 17h : elle part au scanner. Les analyses ne montrent rien, mais elle souffre trop. Le médecin veut comprendre ce qui lui cause ces douleurs. Elle a des crises régulières, souvent douloureuses, mais là c’est insupportable. Elle souffre, et malgré l’afflux de patients, il veut comprendre ce qui cause cette souffrance.

Vendredi 18h : « Monsieur, vous pouvez venir ? » L’infirmière accompagne le monsieur dans son box. Le chirurgien est là, il explique patiemment qu’il faut opérer madame de toute urgence, et qu ‘elle restera hospitalisée. Monsieur la console du mieux qu’il peut, il se posera des questions après. Le médecin est rassurant, ça va bien se passer et ça résoudra les choses. Elle s’en remettra et c’est tout ce qui compte.

Vendredi 19h : la dame part au bloc, coup de chance c’est libre de suite. Monsieur sort, un peu perdu. Il doit rentrer, les enfants sont seuls à la maison. La voiture est sur le parking, c’est lui qui l’a conduit jusque ici. Il hésite, et se ravise. Il prendra un Uber pour rentrer au plus vite. Et pour le reste il avisera.

Vendredi 22h : elle est en salle de réveil, l’opération s’est bien passé . Monsieur rassure les enfants, ils ont mangé, ils sont en sécurité à la maison, et il a pu s’organiser pour la journée du lendemain. Sans voiture, à la campagne, c’est pas si simple, mais la solidarité des voisins fonctionne à plein. Il craque, un peu, puis arrive à dormir quelques heures .

Samedi 14h : Monsieur arrive, il rentre dans la chambre. Elle est là, elle est en vie. Elle a encore mal, mais elle est prise en charge. Il lui a ramené quelques affaires, et surtout son fils. Elle sourit timidement, il lui prend la main. Tout va bien maintenant. Tout va bien !

Ce billet est dédié à tous les personnels des services d’urgence, qui sauvent des vies chaque jour.

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